Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Hamel, Maurice: Les écoles étrangères, 2: [Exposition Universelle de 1889]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0414

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES ÉCOLES ÉTRANGÈRES.

383

et de s’écouter vivre. Pour le moment, ce qui domine chez tous ces
apprentis, qui pour la crànerie de l’exécution en remontreraient à
leurs maîtres, c’est le don d’assimilation, la clarté de l’oeil, la pres-
tesse de la main; une assurance de précoces virtuoses, le goût de
l’effet et de l’œuvre à sensation. Peu de recul en face de la réalité,
peu de réflexion sur les choses, peu de confidences passionnées, une
gymnastique d’art et des échantillons de savoir-faire.

Cependant depuis dix ans dans le portrait et dans la peinture de
mœurs quelques artistes se sont mis hors de page. Sargent ne pénètre
guère au delà des apparences animées : son métier a plus d’adresse
que de raffinement et l'éclat d'un coloris vibrant sur des rousseurs
profondes ne garde pas longtemps l’illusion de sa fraîcheur. Mais il
excelle à saisir le trait dominant et le tranchant d’une physionomie,
à signifier la mode et les allures, le ton et l’esprit d’une aristocratie
de luxe. Un modelé souple, élégant, agile fait éclore sur la toile, comme
par enchantement, la femme parée, sa finesse avenante ou hautaine,
la magie rose et blanche de la jeune fille, le passage d’un sourire,
l'interrogation ironique ou soucieuse d’un regard, une mine, un air
de tête, un plissement de lèvres, surtout la grâce longue et pliante
des mains fuselées, tactiles, nerveuses, précises à manier un éven-
tail, délicates à s’entrelacer. Il est le peintre de la beauté hardie,
aisée, volontiers bizarre, qui se connaît et sait l’art de se mettre en
valeur. On croit deviner chez plusieurs peintres américains une
volonté de dandysme, une espèce de fini assez particulière et je ne
sais quelle ironie embusquée dont la pointe n’est pas très entrante.
Harrison épie adroitement certains frissons de nature à fleur de
peau, à fleur de vague, mais son exécution est sèche et mesquine.
Dans un sous-bois de banlieue égayé de nymphes modernes et qu’il
baptise Arcadie, il nous attaque par des impressions sournoises, par
une sensualité troublée par de menues subtilités de facture. Dannat
plus large peintre, expose un portrait de petite fille, naïf et lumi-
neux, observe avec esprit les singularités pittoresques de l’Espagne,
reste court dans une fantaisie en blond et rouge, d’expression indiffé-
rente et de saveur mince. Melchers, Walter Gay, Vail étudient
sans arrière-pensée d’ironie, avec la bonne foi des peintres du Nord,
les mœurs populaires surtout en ce qu’elles ont d’inconscient, de tou-
chant et de naïf. Le Prêche, la Communion, les Pilotes de Melchers,
bien que les figures soient souvent lourdes, immobiles, et peu
transformées, réalisent une douce intensité d’expression dans une
harmonie lumineuse sagement conduite. La Charité de Walter Gay,
 
Annotationen