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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 5
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Mantz, Paul: La peinture française, 4: [Exposition Universelle de 1889]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0553

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510

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

avec la belle écriture nette et frappante. Sa manière est pleine de
conviction. Parfois même on a pu lui reprocher un faire un peu dur
qui tendait à pétrifier ou à métalliser le spectacle; mais le laborieux
artiste a semblé comprendre ce qu’il pouvait y avoir de dangereux
dans la précision de son accent et, en ces dernières années, il s’est
étudié à assouplir son exécution ou du moins à envelopper le drame
dans les transparences du clair-obscur. N’avions-nous pas, au Salon
dernier, les Hommes du Saint-Office, tableau excellent et sobre qui,
nous l’avons dit, et nous sommes disposés à le redire, tiendra peut-
être le premier rang dans le sérieux catalogue des œuvres de M. Jean-
Paul Laurens?

Si l’on voulait dresser la liste des peintres hantés et soutenus par
la vision de l’art traditionnel, M. Jules Lefebvre ne devrait pas être
oublié. Lui aussi, il est sorti de l’atelier de Léon Cogniet; mais,
ayant obtenu le prix de Rome en 1861, il a pu affiner en Italie ses
élégances natives. Il a toujours eu plus de goût que de tempérament;
portraitiste très habile et peintre de nudités amoureuses, il use d’un
procédé plus distingué que robuste. M. Jules Lefebvre a cependant
été et il est sans doute encore un adorateur de la nature. Au temps
de sa jeunesse, il a été véritablement épris de la vitalité et du relief
des formes et nous en avons une preuve bien significative dans deux
peintures déjà anciennes, la Jeune fille endormie (1865) et la Femme
couchée (1868). L’une et l’autre sont des études prises sur le vif;
mais elles valent des tableaux, et elles n’ont pas vieilli. Des femmes
nues, c’est ce qu’il y a de plus banal au monde. Le motif a suffi
cependant : les dépressions et les saillies tournantes, le modelé
délicat et résolu des surfaces, résultat de l’exactitude du dessin inté-
rieur, tout a été exprimé par M. Lefebvre à l’aide d’un travail très
caressé et très ferme. Ces deux études ont un relief qui révèle un
profond sentiment de la nature vivante. M. Jules Lefebvre n’a pas
toujours retrouvé cet accent décisif lorsque, préoccupé de l’idéal, et
corrigeant, en vertu d’un goût particulier, l’impression que lui donnait
la vérité authentique, il a groupé des figures pour en faire un tableau.
La Diane surprise du Salon de 1879 est une composition très savante,
où les lignes s’arrangent bien, où abondent les détails charmants, où
certaines têtes sont même délicieuses ; mais vu de loin et d'un seul
regard, le tableau manque un peu de ressort et le pinceau s’alanguit.
La vraie peinture doit être plus affirmée, aussi bien par le ton que
par le relief. Malgré sa distinction et son ingéniosité de metteur en
scène, l’auteur n’est pas assez peintre.
 
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