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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 5
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Courajod, Louis: Eugéne Piot et les objets d'art légués au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0434

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EUGÈNE PIOT.

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veillantes confidences ni des pensées essentiellement révocables,
mais c’est un devoir pour nous de donner acte à de généreuses et
patriotiques intentions. Ces collections seront au Louvre, nous pou-
vons le dire sans craindre un démenti, puisque chaque jour d’impa-
tients bienfaiteurs, longtemps avant le terme primitivement assigné
à l’échéance, obligent les conservateurs des Musées nationaux à
enregistrer sur leurs inventaires des dons importants et de vérita-
bles avancements d’hoiries. Puisse la mort ne pas ouvrir trop tôt ces
successions certaines et ne pas affliger « la garde qui veille aux
barrières du Louvre » en la forçant à exécuter trop vite les suprêmes
volontés de ses amis ! Affectée au service d’une royauté nouvelle,
celle de l’art, royauté qui ne craint pas la mort, cette garde d’hon-
neur n’a pas droit de se soustraire à aucune des œuvres de miséricorde
pour lesquelles elle a été instituée. Elle veut rendre aujourd’hui les
derniers devoirs au plus récent de ses donateurs et prendre en
charge devant le public un important dépôt qui vient de lui être
confié.

Avant d’énumérer les richesses que le Louvi’e va recevoir de
M. Eugène Piot, il est nécessaire d’étudier en quelques mots la
figure de celui-ci et, en montrant la place spéciale et considérable
qu’il occupait dans le monde des amateurs, de signaler l’influence
qu’il a eue, pendant cinquante ans, sur le goût public.

Eugène Piot, mort le 18janvier 1890, était né le 11 novembre 1812.
Ce qu’on a pu savoir d’une vie très cachée et très fermée, les causes
qui portèrent une intelligence fort bien douée et une imagination
brillante à s’occuper d’objets d’art, tout cela a été très bien dit par
M. Georges Perrot dans un discours prononcé au cimetière Mont-
martre le 20 janvier 1890, reproduit par la Chronique des arts du 25, et
par M. Charles Yriarte dans un article du Figaro du 8 février 1890.
Nous n’avons pas à y revenir. Dans la sphère des idées où il devait
bientôt si résolument se mouvoir, Piot fut émancipé par le roman-
tisme et se trouva prédisposé par le grand mouvement de rénovation
littéraire de 1830 à l’œuvre qu’il eut l’honneur d’accomplir.

Elever un certain genre de curiosité, une spécialité encore secon-
daire, au-dessus des bas-fonds de la médiocrité, de la niaiserie et de
l’incohérence, jusqu’à la dignité de l’esthétique, jusqu’à la majesté de
 
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