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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 1
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Müntz, Eugène: Le musée de l'École des Beaux-Arts, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0055
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LE MUSÉE DE L’ÉCOLE DES BEAUX-AItTS.

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Pour trouver de la jeunesse et de la vitalité, il nous faut quitter
la Toscane et remonter vers le Nord.

Du Corrège, l'Ecole possède le carton destiné à la tête de saint
Jean-Baptiste, dans la Madone de saint François (1514-1515), au
musée de Dresde. Il est fâcheux que ce morceau précieux (au crayon
noir et à la sanguine, sur papier encollé) ait pris l’aspect d’un pastel
fatigué. M. His de la Salle, dont le jugement était d’un si grand
poids, faisait honneur au Corrège d’une autre étude à la pierre
d’Italie avec rehauts blancs, une Tête d'ange, les yeux levés.

L’École vénitienne ne compte à son actif, dans nos galeries, qu’un
petit nombre de dessins. Ce procédé n’était pas précisément celui où
excellaient ces maîtres coloristes, mais trois au moins de nos dessins
sont de purs chefs-d’œuvre capables de se mesurer avec ceux des
Écoles florentine et romaine, h’Assassinat d’une femme par son mari,
pensée première de la peinture destinée à la « Scuolo del Santo » de
Padoue (1511), est une des trois ou quatre plus belles esquisses du
Titien. Les traits, tracés à la plume, ont une souplesse, un rythme,
une suavité incomparables. Seuls quelques dessins de Raphaël,
compris entre la fin de sa période florentine et le commencement de
sa période romaine, offrent ce je ne sais quoi de chantant et d’éloquent.

Un second dessin porte le nom du Giorgone, quoique cette attri-
bution ne soit pas hors de conteste. Il nous montre un cavalier s’arrê-
tant devant une dame et devant un chevalier bardé de fer; au fond un
autre chevalier. Nous avons affaire à une scène du Roland furieux
(ch. I, str. 68), celle oùle messager rencontre Sacripant, qui vient d’être
vaincu par Bradamante, et Angélique qui le console. Mais ici surgit
une difficulté : la première partie du Roland furieux n’a paru qu’en
1516, c’est-à-dire cinq années après la mort du Giorgione (1511}.
Comment concilier ces deux données chronologiques? Je pourrais
répondre que bon nombre de chants du Roland — et celui dont il s’agit
est précisément le premier du poème — circulaient, sous forme de
manuscrits, longtemps avant la publication de la première édition et
que le Giorgione a pu les connaître sous cette forme. Mais étant donnée
la rareté des dessins authentiques du maître vénitien, et par consé-
quent la rareté des points de repère, je ne veux pas insister sur cette
attribution plus qu’il ne convient. L’avouerais-je, j’ai horreur de ces
plaidoyers prodomo auxquels un certain nombre de conservateurs de
musées se laissent trop facilement aller, mettant leur amour-propre
personnel ou l’intérêt de la collection qui leur est confiée au-dessus
des intérêts de la science. Il me suffira de constater que, par le
 
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