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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 1
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Ephrussi, Charles: François Gérard, 2: d'après les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0077
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68

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pour moi et l’intérêt que vous montrez à mes travaux sont deux bien puissants
motifs pour m’encourager à chercher de tout mon pouvoir à ne pas paraître au
nouveau Salon indigne des éloges que vous voulez bien me donner.

« Je vous remercie, Monsieur, et je reçois avec la plus vive reconnaissance les
observations que vous avez pris la peine de me faire sur le petit tableau que je
vous ai fait remettre. Je les aime de tous, mais elles me sont d’autant plus pré-
cieuses de vous qu'elles me viennent d’un artiste, le plus distingué de ce temps.
Toutefois, si votre critique a été si peu sévère, je l’attribue à votre indulgence et
à votre bonté. Je reconnais que, dans mes derniers ouvrages, j’ai une propension
à tomber dans la sécheresse et la maigreur; aussi chercherai-je dorénavant à me
garder de cet écueil en me rappelant toujours vos observations et vos conseils. »

Cependant, malgré la célébrité naissante du jeune maître et la
constante protection du premier peintre du roi, le gouvernement
français n’avait encore fait aucune commande à Léopold Robert. Ce
fut encore Gérard qui se chargea des délicates négociations qui abou-
tirent à l’acquisition par la France du Retour de la fête de la Madona
dell' Arco. Le 4 janvier 1828, Léopold Robert écrivait à son illustre
protecteur :

« ... Lorsque celte lettre vous parviendra, M. le comte de Forbin aura reçu un
de mes tableaux qui, dans le mois de novembre, a été expédié à son adresse. Il
représente un épisode du Retour de la fête de la Madona dell’ Arco, près de Naples.
Je serais extrêmement flatté qu’il ne parût pas indigne de faire partie de la belle
collection moderne du Luxembourg, et, dans cette espérance, j’ai refusé les assez
belles propositions que plusieurs amateurs m’ont faites ici. Votre obligeance m’est
tellement connue que je me hasarde à vous prier de vous intéresser à mon
tableau qui se trouve sans maître et sans aucun protecteur. »

Le tableau est acquis par le Luxembourg et Léopold Robert ne
ménage point ses effusions de gratitude :

« Monsieur,

«Rome, le \i juillet 1828.

« Je cherche inutilement des expédients pour vous peindre ma vive reconnais-
sance, et mon cœur souffre de ne pouvoir vous faire connaître que bien mal
combien de sentiments délicieux la lettre que vous m’avez fait l’honneur de
m’écrire m’a fait éprouver. Je n’osais m’attendre à une attention aussi distinguée
et à tant de bonté et de bienveillance.

« En apprenant que mon tableau avait été acquis par le roi, j’ai dû penser
que je vous devais ce bel encouragement : plusieurs fois, j’ai pris la plume pour
vous exprimer ma reconnaissance; mais un mal moral, dont trop souvent j’ai
lieu de me plaindre, m’empêcha de terminer ma lettre et m’obligea à faire un
voyage. J’ai été faire un séjour dans les Marais Ponlins et dans les montagnes qui
les avoisinent; je suis revenu il y a quelques jours seulement, et c’est à mon
retour à Rome que j’ai eu le plaisir de trouver votre si excellente lettre qui, je
vous l’assure, est l’encouragement le plus grand que j’aie encore obtenu.
 
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