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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 2
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 12
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0119
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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mémoire du maréchal, s’écriait Dupin, c’est la révision du procès,
l’annulation de l’injuste et illégal jugement qui le flétrit encore. On
a violé, contre Ney, la lettre formelle d’un traité stipulant l’amnistie
générale; on a entravé la liberté de sa défense... » La Chambre
votait le renvoi de la question au conseil des ministres, immédiate-
ment, sans restriction 1 2. Comme pour sanctionner ce vote, le roi,
huit jours après, élevait Joseph-Napoléon Ney, prince de la Moskowa,
fils aîné du maréchal, à la dignité de pair de France \ mais la
maréchale veuve et ses quatre enfants, aspirant à une réparation
plus haute, faisaient parvenir à Sa Majesté une requête solennelle
en réhabilitation du mort. Cette requête, examinée en conseil royal,
valait bientôt à la famille une réponse infiniment honorable, quoique
aboutissant à une fin de non-recevoir et dont voici la substance :
« Le gouvernement de Louis XVIII, en déférant à la justice le maré-
chal Ney, couvert par une convention en règle, a manqué à la foi
jurée. La réhabilitation du condamné est acquise en fait. Malheureu-
sement, les conditions particulières de notre législation ne permettent
pas de lui donner une forme judiciaire. » Le jeune prince de la
Moskowa s’efforçait en vain d’obtenir une plus effective satisfaction.
Jusqu’en 1837, il refusait de s’asseoir aux rangs des pairs, ne voulant,
disait-il, paraître au Luxembourg qu’après avoir gagné à jamais la
cause de son père. Il lui fallut, pour passer outre à sa résolution, la
conscience qu’il serait mieux à portée, dans l’Assemblée haute, de
poursuivre sa tâche filiale et de rendre, en même temps, à l’ordre
public, des services dignes de lui3.

Passé 1831, nous voyons le nom du maréchal Ney mêlé, à plu-
sieurs reprises, aux débats parlementaires, et la sympathie générale
s’attache à sa mémoire de plus en plus. M. de Salverte propose à la
Chambre d’ouvrir les caveaux du Panthéon à la dépouille de
quelques hommes illustres; Pagès requiert que Michel Ney soit
compris dans le nombre. La proposition est retirée par son auteur,
mais l’amendement de Pagès a été approuvé de tout le pays 4.

1. Moniteur officiel du 13 novembre 1831.

2. Ordonnance royale du 19 novembre 1831, au Moniteur.

3. Voir le texte de la requête (Dupin aîné, Réquisitoires, t. III, à l'Appendice);
voir aussi les explications fournies par le prince de la Moskowa à l’Assemblée
législative, séance du 18 juillet 1851.

4. La proposition Salverte, déposée le 20 novembre 1831, est venue en discus-
sion le 8 février suivant (Gf. Archives parlementaires, p. 360, Procès-verbaux, 3,
p. 519, au Palais Bourbon, et Moniteur officiel du 9 février 1832).
 
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