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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
M. F. Florian est un délicieux interprète des primitifs : il les
pénètre jusqu’à Taine, et l’on dirait que son burin les copie avec
tendresse et recueillement; aussi l’impression de ses « Scènes et
Gravures » ressemble-t-elle, par la douceur, par le charme paisible,
à celle qu’on trouve devant les originaux qu’il reproduit. Dans le
même ordre d’idées, M. Jasinski a rendu avec son talent habituel et
déjà très apprécié deux compositions de Botticelli et de Durer. C’est
de ce dernier artiste que s’inspire directement M. Max Klinger, dont
les gravures au burin, extraites de l’œuvre de « La Mort », sont
d’une austérité terriblement expressive.
Je tiens à signaler encore les diverses eaux-fortes et pointes-sèches,
réunies en un seul cadre, de M. Rodolphe Piguet. On remarque sur-
tout le beau portrait de Mme d’Épinay, si fin et si solide à la fois, qui
en est la planche la plus importante; et je me bornerai encore à rap-
peler les œuvres de MM. Guérard, dont l’exposition est fort brillante,
Bracquemond, Abot, Sulpis, Payrau, Jacquet, Muller, de Mare, La-
lauze, Frédéric Jacque. Tous ces artistes sont bien connus des lec-
teurs de la Gazette des Beaux-Arts : c’est pour cela que je me contente
de les nommer, persuadé que les lecteurs ajouteront d’eux-mêmes à
leurs noms les éloges auxquels ils ont droit.
J’arrive ainsi au bout d’une tâche que je n’avais pas entreprise
sans crainte. Elle m’a donné de vives joies. Comme je l’ai dit dans
mon premier article, depuis cinq ans, je n’avais pas vu le Salon. En
mesurant les progrès accomplis pendant cette courte période, j’ai
senti une fois de plus la grandeur et la force de notre « fin de siècle ».
Je ne voudrais pas, en terminant, m’écarter de mon sujet ou en
prendre prétexte pour des considérations trop générales : maiâ
j’aurai peine à croire que ce soit une époque de décadence, celle qui
assiste à un mouvement artistique si intense et si riche, dans lequel
viennent se réunir tant de forces diverses et qui fait éclater avec une
telle puissance l’infinie variété du génie humain et, par surcroit, du
génie français.
ÉDOUARD ROD.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
M. F. Florian est un délicieux interprète des primitifs : il les
pénètre jusqu’à Taine, et l’on dirait que son burin les copie avec
tendresse et recueillement; aussi l’impression de ses « Scènes et
Gravures » ressemble-t-elle, par la douceur, par le charme paisible,
à celle qu’on trouve devant les originaux qu’il reproduit. Dans le
même ordre d’idées, M. Jasinski a rendu avec son talent habituel et
déjà très apprécié deux compositions de Botticelli et de Durer. C’est
de ce dernier artiste que s’inspire directement M. Max Klinger, dont
les gravures au burin, extraites de l’œuvre de « La Mort », sont
d’une austérité terriblement expressive.
Je tiens à signaler encore les diverses eaux-fortes et pointes-sèches,
réunies en un seul cadre, de M. Rodolphe Piguet. On remarque sur-
tout le beau portrait de Mme d’Épinay, si fin et si solide à la fois, qui
en est la planche la plus importante; et je me bornerai encore à rap-
peler les œuvres de MM. Guérard, dont l’exposition est fort brillante,
Bracquemond, Abot, Sulpis, Payrau, Jacquet, Muller, de Mare, La-
lauze, Frédéric Jacque. Tous ces artistes sont bien connus des lec-
teurs de la Gazette des Beaux-Arts : c’est pour cela que je me contente
de les nommer, persuadé que les lecteurs ajouteront d’eux-mêmes à
leurs noms les éloges auxquels ils ont droit.
J’arrive ainsi au bout d’une tâche que je n’avais pas entreprise
sans crainte. Elle m’a donné de vives joies. Comme je l’ai dit dans
mon premier article, depuis cinq ans, je n’avais pas vu le Salon. En
mesurant les progrès accomplis pendant cette courte période, j’ai
senti une fois de plus la grandeur et la force de notre « fin de siècle ».
Je ne voudrais pas, en terminant, m’écarter de mon sujet ou en
prendre prétexte pour des considérations trop générales : maiâ
j’aurai peine à croire que ce soit une époque de décadence, celle qui
assiste à un mouvement artistique si intense et si riche, dans lequel
viennent se réunir tant de forces diverses et qui fait éclater avec une
telle puissance l’infinie variété du génie humain et, par surcroit, du
génie français.
ÉDOUARD ROD.