Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Wyzewa, Teodor de: Thomas Lawrence et la Société anglaise de son temps, 2
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0142
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
120

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

composé un recueil d’hymnes resté célèbre, les Olney Hymns, ne se
fatiguait pas de promettre au malheureux poète les tourments de
l’enfer et de lui démontrer les droits qu’il s’était acquis à la dam-
nation éternelle; si bien que l’idée de comparaître devant Dieu
plongea Cowper dans une angoisse plus cruelle encore que celle qui
l’avait saisi lorsqu’il avait eu à passer l’examen oral pour la Chambre
des lords. Avec cela, un des hommes les plus lettrés, les plus fins et
les meilleurs qu’il y ait eus. Il vivait à la campagne, chez des amis
qui le traitaient comme un enfant, et l’adoraient. Ses vers ne sont
pas tous excellents. Ses traductions de Y Iliade et de l’Odyssée, malgré
leur réputation, ne valent pas les traductions de Pope, qui elles-
mêmes ne valent pas grand’chose. Sa légende comique de John Gilpin
nous intéresse surtout par les dessins qu’elle a suggérés à Caldecott
et à tous les caricaturistes anglais. Son grand poème didactique, la
Tache, est correct et froid. Mais plusieurs de ses petites pièces, et
notamment un sonnet adressé à son amie, Mme Unwin, sont des
chefs-d’œuvre de pure forme et de sentiment délicat. Cowper est
mort en 1800, cinq ans après avoir été dessiné par Lawrence. Il
avait, dans sa jeunesse, avant le fatal examen, beaucoup aimé la
société des filles; mais c’est ce que tout le monde lui pardonnera si
l’on songe que le terrible John Newton, son bourreau, n’a pas cessé
un moment, jusqu’à sa mort, de lui en faire le plus impardonnable
des péchés mortels.

Les envois que fit Lawrence à la Royal Academy, en 1795, attes-
tent, nous l’avons dit, un sérieux effort pour raffermir et anoblir son
style. Le jeune peintre avait été évidemment troublé plus que de
coutume, l’année précédente, par le dédain que lui témoignaient
quelques juges éminents; il s’était juré, avec plus de force encore
que de coutume, de contenter ces juges comme il avait contenté le
grand public, et de revenir au grand art, malgré les séductions du
monde. Le succès de ses envois n’a pu manquer de l’encourager dans
cette voie de résistance et de rénovation artistique, et j’imagine que
c’est encore sous l’influence de ces aspirations au grand art qu’il se
mit avec tant d’ardeur, en 1796, à peindre une énorme composition
allégorique, Satan appelant ses légions. Cette peinture l’absorba à un
tel point que les sept portraits nouveaux qu’il envoya en 1796 à la
Royal Academy se ressentirent du peu de temps et de soin qu’il leur
avait consacré. Aucun de ces portraits ne mérite d’être cité; le seul
qui ait été gravé, le Marquis de Bath, gravé par Ileath, ne doit sans
doute cet honneur qu’au nom du modèle. Un portrait déjà ancien du
 
Annotationen