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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

DOI issue:
Nr. 5
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Lefort, Paul: Zurbaran
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0414
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380

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

que nulle part, comme dans ces derniers portraits, l’artiste n’a fait
preuve de plus de fermeté, déplus de grandeur et que pour la perfec
tion du rendu de ses étoffes blanches, on lui chercherait vainement
un rival.

On voit que Zurbaran n’eut pas toujours un goût exclusif pour
les sujets sombres ou mystiques, violemment exprimés; il savait
d’ailleurs faii’e preuve de méthodes plus souples, moins arrêtées, et
même au besoin pleines de charme et de grâce lorsqu’il avait à
représenter quelque belle figure de martyre ou de sainte. Il aimait
à les peindre en des costumes riches ou pittoresques et il retrouvait
alors sur sa palette les tons les plus fleuris et les plus vibrants pour
rendre les belles étoffes de soie, de satin, chamarrées d’or, dont il
les parait. Zurbaran se souvient, dans ces peintures aimables, des
leçons de coloris vénitien que lui a transmises Roëlas. Le Louvre
possède la représentation de l’une de ces jolies martyres. Sainte
Appolline, que l’artiste a pris plaisir d’habiller de jaune et de rose et
de couronner de fleurs. Le Musée du Prado conserve la Sainte Casilda,
surprise par son père, un Maure fanatique et cruel, au moment où
elle porte à de pauvres chrétiens captifs, des pains qui, par un
miracle de Dieu, se changent, en son giron, en roses épanouies.
Enfin, on retrouve à Séville, à l’hôpital de la Sangre et occupant
encore la place pour laquelle l’artiste les avait exécutées, toute une
procession de ces gracieuses vierges, costumées comme des infantes
ou des filles des champs et qui s’appellent Sainte Eulalie, Sainte Barbe,
Sainte Catherine, Sainte Agnès et Sainte Marine. Une Sainte Marguerite,
appelée la Paslorcita à cause de son joli costume de bergère, et qui a
fait partie jadis, à Madrid, des collections royales, a eu la rare
fortune d’être gravée à la fin du siècle dernier par un habile artiste
espagnol, Bartolomé Vazquez, qui asu conserver à son interprétation
le caractère pittoresque et le vigoureux coloris de l’original.

En 1639, Zurbaran se trouvait encore à Séville. 11 fut alors
chargé de choisir et de diriger sur Madrid d’habiles artistes doreurs
destinés à travailler à la décoration des salons de l’Alcazar royal.
Lui-même était appelé en 1650, et à l’instigation de Velâzquez, par le
roi Philippe IV, pour orner de peintures, représentant les Travaux
il'Hercule, un des salons du palais du Buen-Retiro. Au dire de Cean
Bermudez, quatre toiles seulement sur dix, formant cette décoration,
seraient de la main de Zurbaran ; les autres auraient donc été exé-
cutées sous sa direction, mais par ses élèves. Get ensemble se trouve
aujourd’hui au Musée du Prado; il ne présente, en dehors de ses
 
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