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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 5
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Lefort, Paul: Zurbaran
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0413

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ZURBAIIAN.

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accompagnée du titre de « peintre du roi Philippe III». Ces peintures ont
fait jadis partie de la galerie espagnole du roi Louis-Philippe; elles
se retrouvent aujourd’hui à Séville, au palais de San-Telmo, dans la
collection formée par le feu duc de Montpensier. Tous les person-
nages sont figurés de grandeur naturelle dans cette admirable série
qui peut être estimée comme l’une des plus parfaites qu’ait exécutées
le maître. L'Annonciation en est l’œuvre capitale.

Les couvents des Mercenarios Descalzos, de Santo-Domingo, de
Porta-Coeli, des Capuchinos, le Collège des Carmélites de San-Alberto
et les églises de San-Esteban, de San-Pablo et de San-Roman, à
Séville, étaientjadis riches en ouvrages de premier ordre de Zurbaran.
La guerre de l’Indépendance et la sécularisation des biens des
ordres monastiques ont amené la dispersion de ces peintures. Le
Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg, possède aujourd’hui le
superbe Saint Laurent, portant la signature du maître et la date
de 1636, autrefois dans la collection Soult et provenu primitivement
du couvent des Descalzos ; le Musée provincial de Séville conserve le
Saint Louis Beltran, de l’ancien monastère des Dominicains de Porta-
Coeli ainsi que le Christ en croix, du couvent des Capucins, deux
œuvres de très haute valeur; enfin le Musée de Cadix est en posses-
sion d’un Saint Bruno, du sentiment religieux le plus élevé, ainsi
que de diverses autres peintures remarquables, telles que Un ange
tenant un encensoir, Saint Hugo, évêque, le Jubilé de la Porciuncula et des
portraits en pied de saints et de martyrs de l’Ordre des chartreux.

L’Académie des Beaux-arts de San-Fernando à Madrid, est encore
mieux partagée. C’est dans son intéressante collection que sont entrés
les cinq portraits de dignitaires de cette branche de l’Ordre de la
Merci vouée plus particulièrement au rachat des captifs, qui ont
jadis décoré le cloître du couvent de la Merced à Séville. Vêtus de
leur froc de laine blanche, aux plis amples et sculpturaux, ces graves
personnages lisent, écrivent, ou méditent. Chaque physionomie,
observée et rendue par l’artiste dans sa réalité et dans son caractère,
se détache d’un fond brun uni avec le plus vigoureux relief. Ce ne
sont plus là, comme avec ce terrible Moine en méditation de l’ancienne
galerie espagnole, au Louvre, actuellement à la National Gallery,
de ces figures extatiques et sombres, comme encore le farouche
Saint Pierre d'Alcantara, de l’Escurial, mais tout simplement des
religieux, vivant de la vie habituelle du cloître, pensant et travaillant
à quelque œuvre intellectuelle et plus près en somme de l’ordinaire
humanité. Quant à l’exécution, nous ne craignons pas d’affirmer
 
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