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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
l’empereur d’Orient, Michel VII Paléologue, du Patriarche de
Constantinople et « des envoyés des Scythes », comme les désigne
Pietro Galesini dans les mêmes Acta, elle se trouvera désormais
expliquée par l’énonciation exacte du thème traité par Zurbaran.
Grégoire X, qui devait son élévation au trône pontifical à
l’influence exercée, lors du conclave, par saint Bonaventure, lui
octroya le chapeau en 1273, un an avant qu’il ne mourût à Lyon.
Il est donc vraisemblable que Zurbaran a commis un anachronisme
en revêtant le Doctor seraphicus de la pourpre cardinalice, alors que
général des frères mineurs, il préside un des chapitres de son Ordre,
tous tenus, d’ailleurs, antérieurement à 1273. Mais cet anachro-
nisme n’a guère d’importance, et peut-être même fut-il intentionnel
de la part des religieux de la Merced, qui donnèrent à Zurbaran la
commande et les sujets de ces peintures.
Cean Bermudez, dans son Diccionario, en fait mention à la suite
des biographies de Herrera et de Zurbaran, mais sans les décrire et
en se bornant à indiquer qu’elles avaient pour sujets des passages
de la vie du saint Docteur.
On nous pardonnera de nous être étendu sur cette série qui
méritait ces longues écritures à divers titres : d’abord, parce qu’elle
est au premier rang dans l’œuvre du maître et, ensuite, parce que
les sujets représentés dans nos deux beaux ouvrages du Louvre
étaient demeurés jusqu’ici pour le public une indéchiffrable énigme.
L’année 1629 fut pour l’artiste particulièrement féconde. C’est
en effet à cette date, apposée à la suite de sa signature sur l’une des
deux toiles que possède le Musée du Prado, et qui faisait partie d’une
suite comprenant douze compositions, que remonte l’ensemble déco-
ratif exécuté par Zurbaran pour le couvent de la Merced Calzada à
Séville. Sur ces douze tableaux dont les sujets étaient empruntés à
la vie de saint Pierre Nolasque, aujourd’hui dispersés ou disparus,
sept seulement étaient de sa main. Les cinq autres étaient l’ouvrage
de son élève, Martinez de Gradilla. Le même couvent renfermait
encore divers portraits de religieux, de martyrs et de dignitaires de
l’Ordre, représentés en pied, que nous retrouverons dans la collection
de l’Académie de San-Fernando à Madrid.
En 1633, Zurbaran terminait les peintures formant primitivement
le retable de la Chartreuse de Jerez et représentant Y Annonciation,
la Nativité, la Circoncision, Y Adoration des Rois et Y Adoration des Bergers.
Cette dernière, avec la signature de l’artiste et la date 1633, présente
cette particularité que cette signature est, pour la première fois,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
l’empereur d’Orient, Michel VII Paléologue, du Patriarche de
Constantinople et « des envoyés des Scythes », comme les désigne
Pietro Galesini dans les mêmes Acta, elle se trouvera désormais
expliquée par l’énonciation exacte du thème traité par Zurbaran.
Grégoire X, qui devait son élévation au trône pontifical à
l’influence exercée, lors du conclave, par saint Bonaventure, lui
octroya le chapeau en 1273, un an avant qu’il ne mourût à Lyon.
Il est donc vraisemblable que Zurbaran a commis un anachronisme
en revêtant le Doctor seraphicus de la pourpre cardinalice, alors que
général des frères mineurs, il préside un des chapitres de son Ordre,
tous tenus, d’ailleurs, antérieurement à 1273. Mais cet anachro-
nisme n’a guère d’importance, et peut-être même fut-il intentionnel
de la part des religieux de la Merced, qui donnèrent à Zurbaran la
commande et les sujets de ces peintures.
Cean Bermudez, dans son Diccionario, en fait mention à la suite
des biographies de Herrera et de Zurbaran, mais sans les décrire et
en se bornant à indiquer qu’elles avaient pour sujets des passages
de la vie du saint Docteur.
On nous pardonnera de nous être étendu sur cette série qui
méritait ces longues écritures à divers titres : d’abord, parce qu’elle
est au premier rang dans l’œuvre du maître et, ensuite, parce que
les sujets représentés dans nos deux beaux ouvrages du Louvre
étaient demeurés jusqu’ici pour le public une indéchiffrable énigme.
L’année 1629 fut pour l’artiste particulièrement féconde. C’est
en effet à cette date, apposée à la suite de sa signature sur l’une des
deux toiles que possède le Musée du Prado, et qui faisait partie d’une
suite comprenant douze compositions, que remonte l’ensemble déco-
ratif exécuté par Zurbaran pour le couvent de la Merced Calzada à
Séville. Sur ces douze tableaux dont les sujets étaient empruntés à
la vie de saint Pierre Nolasque, aujourd’hui dispersés ou disparus,
sept seulement étaient de sa main. Les cinq autres étaient l’ouvrage
de son élève, Martinez de Gradilla. Le même couvent renfermait
encore divers portraits de religieux, de martyrs et de dignitaires de
l’Ordre, représentés en pied, que nous retrouverons dans la collection
de l’Académie de San-Fernando à Madrid.
En 1633, Zurbaran terminait les peintures formant primitivement
le retable de la Chartreuse de Jerez et représentant Y Annonciation,
la Nativité, la Circoncision, Y Adoration des Rois et Y Adoration des Bergers.
Cette dernière, avec la signature de l’artiste et la date 1633, présente
cette particularité que cette signature est, pour la première fois,