LES SALONS DE 1892.
17
de M. Boucher. La Femme couchée ne comptera peut-être pas parmi
les inspirations les plus originales de l’auteur : elle rappelle invinci-
b lement le souvenir d’une des plus charmantes créations de M. Rodin,
une nymphe couchée et pelotonnée sur elle-même, la face contre
terre. Les formes en ont paru à de bons juges un peu grasses et
comme soufflées; le poids du corps n’écrase pas assez contre le sol les
chairs des jambes qui restent uniformément rondes; mais l'ensemble
SORTIE DO PORT, BAS-REI/IEF, PAR M. CHARL1ER.
(Salon du Champ-de-Mars : 1892.)
est souple et gracieux, les lignes ondulent, flexibles et serpentines,
la gerbe d’épis sur laquelle repose la femme s’étale autour d’elle
comme les pétales d’une fleur disposés en corolle. Rien ne trahit la
gêne ni la contrainte, m algré la position des membres repliés; c’est
le produit d’une esthétique saine qui ne recherche l’effet que par des
moyens simples.
Le Repos est une oeuvre d’un charme plus pénétrant encore :
étendue sur un lit bas, auquel le marbre prête aussi son éclatante
blancheur, une jeune fille endormie étale sa candide nudité de vierge.
Les deux bras levés ont une pose de naturel abandon; la poitrine se
soulève doucement et le corps, oscillant sur la hanche gauche, permet
à l'œil de suivre les fermes contours de ce corps délicat. Le marbre est
VIH. — 3' PÉRIODE. 3
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de M. Boucher. La Femme couchée ne comptera peut-être pas parmi
les inspirations les plus originales de l’auteur : elle rappelle invinci-
b lement le souvenir d’une des plus charmantes créations de M. Rodin,
une nymphe couchée et pelotonnée sur elle-même, la face contre
terre. Les formes en ont paru à de bons juges un peu grasses et
comme soufflées; le poids du corps n’écrase pas assez contre le sol les
chairs des jambes qui restent uniformément rondes; mais l'ensemble
SORTIE DO PORT, BAS-REI/IEF, PAR M. CHARL1ER.
(Salon du Champ-de-Mars : 1892.)
est souple et gracieux, les lignes ondulent, flexibles et serpentines,
la gerbe d’épis sur laquelle repose la femme s’étale autour d’elle
comme les pétales d’une fleur disposés en corolle. Rien ne trahit la
gêne ni la contrainte, m algré la position des membres repliés; c’est
le produit d’une esthétique saine qui ne recherche l’effet que par des
moyens simples.
Le Repos est une oeuvre d’un charme plus pénétrant encore :
étendue sur un lit bas, auquel le marbre prête aussi son éclatante
blancheur, une jeune fille endormie étale sa candide nudité de vierge.
Les deux bras levés ont une pose de naturel abandon; la poitrine se
soulève doucement et le corps, oscillant sur la hanche gauche, permet
à l'œil de suivre les fermes contours de ce corps délicat. Le marbre est
VIH. — 3' PÉRIODE. 3