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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 1
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Gayet, Albert: La sculpture copte, 2: des tendances de l'art de l'Orient ancien à la période chrétienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0091
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82

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

idées égyptiennes, l’artiste n’arrive pas à la rendre; un tassement
moral ne s’est pas encore fait, qui lui permette d’en suivre la pensée
jusqu’au bout. Il l'envisage à la manière antique, y voit un dédou-
blement de l’homme, et le figure le mieux qu’il le peut.

Les luttes religieuses sans fin dont l’Egypte est à ce moment le
théâtre semblent avoir exercé une influence manifeste sur cette
évolution de l’art byzantin. Lorsqu’à l’avènement de Constantin,
le christianisme, de persécuté qu’il était la veille, devint la religion
de l’empire, l’enthousiasme de la première heure avait pu suffire à
réunir tous les fidèles dans une seule et même pensée, et à imposer
à tous la même manière de comprendre et d’interpréter le sens du
dogme religieux; mais à la longue, de l’exagération même de cet
élan de foi et de piété fervente, de nombreux schismes étaient sortis.

Prépondérant devient alors le rôle de l’Eglise d’Alexandrie : ses
patriarches étendent leur suprématie absolue sur toutes les Églises
de l’Orient; leur autorité fait loi dans les conciles et contre-balance
jusqu’à l’autorité du patriarche de Constantinople, jusqu’à celle du
pape, et jusqu’à celle de l’empereur. Saint Cyrille prend une part
active à la condamnation de Nestorius ; Théophile d’Alexandrie est
l'àme du célèbre concile « du chêne » qui dépose saint Jean Chry-
sostôme, mais insensiblement l’esprit du milieu dans lequel vivaient
ces patriarches devait forcément déteindre sur eux.

Que l’on se figure le moine de la Thébaïde ou le solitaire retiré
dans les déserts de Scété ou de Nitrie, arraché aux méditations qui
des années durant ont occupé son existence et transporté tout à coup
dans l’atmosphère d’une conférence doctrinale où se discute l’une
des questions de théologie qui à cet instant soulevaient les contro-
verses les plus ardentes. Il a vécu longtemps dans la méditation et
la prière, — certains mêmes sont restés quatre-vingt-quinze ans sans
échanger un mot avec un être humain, —par contre, il s’imagine s’être
souvent entretenu avec les anges; Michel et Gabriel lui sont apparus
et lui ont dit ce qu’il fallait penser du ciel, comment y est récom-
pensé le juste, ce qu’il faut croire de tous les mystères ou ce qu’il
faut penser des deux natures réunies en la personne de Jésus-Christ.
Souventes fois aussi, c’est le Christ en personne qui vient s’entre-
tenir avec l’anachorète, qui l’initie à sa doctrine, lui explique pour
quelles raisons il est venu sur terre et quelles ont été les sensations
perçues par lui. Or, toute culture littéraire n’était point étrangère
à ces anachorètes. Ceux d’entre eux qui ont pris le soin de nous
léguer le récit de leurs pieuses élucubrations, nous laissent claire-
 
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