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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 1
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Gayet, Albert: La sculpture copte, 2: des tendances de l'art de l'Orient ancien à la période chrétienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0090

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LA SCULPTURE COPTE.

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lequel est peint sur bois, à fond d’or et orné de pierreries. L’œuvre
est merveilleuse, naturellement : on ne doit pas s’attendre à moins
de la part d’une œuvre byzantine; l’étonnant est que le tableau est
de petite dimension. Mais, si cette peinture ainsi acclimatée en
Égypte s’y développe et s’y exagère, il n’en est pas de même de la
sculpture : une réaction sourde d’abord, mais bientôt violente, se
produit et la pousse à s’écarter de ses origines, pour redevenir sous
une autre forme indigène et indépendante. Certes, le Copte ne
comprenait rien à la peinture byzantine; mais du moins, trouvait-il
en elle l’aliment nécessaire à son mysticisme surexcité : elle était
pour lui comme le double des visions flottantes de son imagination
intempérante, incapable de se reconnaître et de s’analyser : elle ne
lui fournissait en somme qu’une variante auréolée d’or des formes
hiératiques où s’étaient incarnées naguère ses conceptions divines;
tandis que les divers thèmes de la sculpture de Byzance se trou-
vaient en opposition absolue avec sa manière de se figurer l’infini.
Si l’art imitatif avait de toute antiquité répugné à l’Égypte, c’est
encore sous l’influence de cette répugnance que le Copte s’éloigne du
thème de sculpture byzantin : là encore, comme en tout le reste, il
demeure Égyptien et rien qu’Égyptien. Il ne peut se figurer un être
surhumain en tous points son semblable. S’il se représente un
archange ou un saint martyr, ce n’est qu’en lui prêtant une forme
inconnue, qui ne se décrit point, qui ne se conçoit point, qui dépasse
tout ce que l’esprit peut imaginer. Dans les récits de visions ou
d’apparitions revient périodiquement la phrase : « le saint — ou le
martyr — apparut alors dans une grande gloire; son visage brillait
comme l’or et était tel que jamais il ne fut donné d’en voir sur terre
de semblable ».

Pour exprimer l'idée qu’il se faisait de l’inconnu, il eût fallu au
Copte comme à ses ancêtres, fausser les proportions de l’homme,
avoir recours à de véritables architectures humaines et provoquer
par des combinaisons de lignes le sentiment perçu. Telle est aussi la
première tendance qu’accuse la sculpture, dès qu’il lui est donné
d’exprimer sa propre pensée. Les figures d’« orants » les bras étendus
dans un geste de supplication et d’adoration hérité de l’Égypte
antique sont là qui en font foi. Le corps est à peine indiqué, fondu,
rétréci, réduit à l’état de squelette, pendant que la tête, beaucoup
trop fortement accentuée, semble s’en séparer pour vivre plus à
l’aise de la vie de l’âme, dans l’extase et le ravissement.

Mais, cette dualité souffrante, bien qu’elle rentre assez dans les

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