PROPAGANDE DE LA RENAISSANCE
EN ORIENT DURANT LE XVe SIÈCLE
(premier article.)
I
LA TURQUIE
enaissance et Orient, voilà deux mots
qui jurent d’une façon étrange! L’Orient
musulman n’a-t-il pas conservé avec
une ténacité aveugle les prescriptions
iconophobes du Coran? L’Orient chré-
tien ne s’est-il pas renfermé jusqu’à nos
jours dans l’imitation rigoureuse, dans
l’immuabilité, del’art byzantin? La civi-
lisation musulmane, en contact inces-
sant avec les Italiens du xve siècle,
représentés surtout par Venise, leur a
pris néanmoins bien plus qu’on ne pense, et il en a été ainsi a fortiori
des États chrétiens, la Hongrie, la Pologne, la Moscovie. C’en est
plus qu’il ne faut pour justifier le titre inscrit en tête de la présente
étude.
Des luttes entre les Turcs et les Italiens, assez d’historiens se
sont occupés ; mais l’étude de leurs relations pacifiques, en dehors
des relations ayant un caractère commercial, n’a pas encore été tentée
jusqu’ici. Dans son ouvrage, extrêmement érudit et précieux, sur
T Histoire du Commerce du Levant au moyen âge, M. Heid n’a malheu-
reusement accordé que peu d’attention à ce trafic des idées ou des
formes, plus attachant cependant, si je ne m’abuse, que celui des
EN ORIENT DURANT LE XVe SIÈCLE
(premier article.)
I
LA TURQUIE
enaissance et Orient, voilà deux mots
qui jurent d’une façon étrange! L’Orient
musulman n’a-t-il pas conservé avec
une ténacité aveugle les prescriptions
iconophobes du Coran? L’Orient chré-
tien ne s’est-il pas renfermé jusqu’à nos
jours dans l’imitation rigoureuse, dans
l’immuabilité, del’art byzantin? La civi-
lisation musulmane, en contact inces-
sant avec les Italiens du xve siècle,
représentés surtout par Venise, leur a
pris néanmoins bien plus qu’on ne pense, et il en a été ainsi a fortiori
des États chrétiens, la Hongrie, la Pologne, la Moscovie. C’en est
plus qu’il ne faut pour justifier le titre inscrit en tête de la présente
étude.
Des luttes entre les Turcs et les Italiens, assez d’historiens se
sont occupés ; mais l’étude de leurs relations pacifiques, en dehors
des relations ayant un caractère commercial, n’a pas encore été tentée
jusqu’ici. Dans son ouvrage, extrêmement érudit et précieux, sur
T Histoire du Commerce du Levant au moyen âge, M. Heid n’a malheu-
reusement accordé que peu d’attention à ce trafic des idées ou des
formes, plus attachant cependant, si je ne m’abuse, que celui des