CORRESPONDANCE DE RUSSIE
UN PORTRAIT DE MOLIÈRE SIGNÉ P. MIGNARD
Moscou, novembre 1892.
a Gazette des Beaux-Arts, qui publia, en 1872, une importante étude de
M. Henri Lavoix sur les portraits de Molière accueillera peut-être
avec intérêt la communication suivante sur une toile de Pierre Mignard,
représentant l’illustre poète, et qui vient de figurer avec honneur à
une grande exposition organisée à Moscou, au profit des victimes de la disette.
Ce portrait, qui n’était connu ni de M. Henri Lavoix, ni de M. Paul Lacroix -,
nous paraît d’un intérêt tout particulier, parce que, à notre avis, il donne la pre-
mière image de Molière, peinte par P. Mignard. Outre la signature du mailre
au bas du côté gauche de la toile, en grands caractères d’un rouge foncé, nous
lisons au dos du tableau, sur le cadre en bois, cette inscription en français :
« Molière, à l’âge de 35 ans, par Mignard, son ami. » Il y avait encore une
autre ligne d’écriture, dont on ne voit que les traces, malheureusement illisibles.
Le tableau est d’une conservation parfaite. Sauf quelques déchirures dans le
fond, très bien restaurées, la peinture apparaît tout à fait intacte. La toile mesure
73 centimètres en hauteur et 58 en largeur; elle n’a pas été coupée, puisque
de tous les côtés ses bords laissent voir une partie non couverte de couleurs. Le
fond est d’un vert très foncé ; d’un coloris vrai, vif et harmonieux, d'un faire léger
et moelleux, cette peinture présente l’ensemble le plus agréable à voir.
Molière, tourné à droite, semble jeune, animé et un peu pensif. Le teint est
lumineux comme chez une personne d’une parfaite santé, les yeux sont ouverts,
pleins d’intelligence et de vie, avec des sourcils très épais; les lèvres épaisses et
bien accentuées dessinent une bouche expressive, sous une moustache très mince.
11 porte une grande perruque couleur châtain; son corps est drapé d’une étoffe de
brocart, espèce de vêtement sans manches, d’un vert plus clair que le fond, par-
semé d’ornements en or. Ce vêtement laisse encore voir une partie de la chemise
1. Voir Gazette, pér., t. V, p. 230.
2. Iconographie moliéresquc, seconde édition, Paris, 1876, chez Auguste Fontaine.
UN PORTRAIT DE MOLIÈRE SIGNÉ P. MIGNARD
Moscou, novembre 1892.
a Gazette des Beaux-Arts, qui publia, en 1872, une importante étude de
M. Henri Lavoix sur les portraits de Molière accueillera peut-être
avec intérêt la communication suivante sur une toile de Pierre Mignard,
représentant l’illustre poète, et qui vient de figurer avec honneur à
une grande exposition organisée à Moscou, au profit des victimes de la disette.
Ce portrait, qui n’était connu ni de M. Henri Lavoix, ni de M. Paul Lacroix -,
nous paraît d’un intérêt tout particulier, parce que, à notre avis, il donne la pre-
mière image de Molière, peinte par P. Mignard. Outre la signature du mailre
au bas du côté gauche de la toile, en grands caractères d’un rouge foncé, nous
lisons au dos du tableau, sur le cadre en bois, cette inscription en français :
« Molière, à l’âge de 35 ans, par Mignard, son ami. » Il y avait encore une
autre ligne d’écriture, dont on ne voit que les traces, malheureusement illisibles.
Le tableau est d’une conservation parfaite. Sauf quelques déchirures dans le
fond, très bien restaurées, la peinture apparaît tout à fait intacte. La toile mesure
73 centimètres en hauteur et 58 en largeur; elle n’a pas été coupée, puisque
de tous les côtés ses bords laissent voir une partie non couverte de couleurs. Le
fond est d’un vert très foncé ; d’un coloris vrai, vif et harmonieux, d'un faire léger
et moelleux, cette peinture présente l’ensemble le plus agréable à voir.
Molière, tourné à droite, semble jeune, animé et un peu pensif. Le teint est
lumineux comme chez une personne d’une parfaite santé, les yeux sont ouverts,
pleins d’intelligence et de vie, avec des sourcils très épais; les lèvres épaisses et
bien accentuées dessinent une bouche expressive, sous une moustache très mince.
11 porte une grande perruque couleur châtain; son corps est drapé d’une étoffe de
brocart, espèce de vêtement sans manches, d’un vert plus clair que le fond, par-
semé d’ornements en or. Ce vêtement laisse encore voir une partie de la chemise
1. Voir Gazette, pér., t. V, p. 230.
2. Iconographie moliéresquc, seconde édition, Paris, 1876, chez Auguste Fontaine.