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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 4
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Maspero, Gaston: Le nouveau scribe du Musée de Gizeh
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0293
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

étagées. Le buste et les jambes sont nus, les avant-bras et les mains
s’appliquent sur les genoux, la main droite fermée et le pouce sail-
lant, la gauche à plat et le bout des doigts dépassant l’ourlet du
pagne. L’ensemble est d’un style un peu mou, autant que la photogra-
phie permet d’en juger; pourtant le détail du genou, la structure de
la jambe et du pied sont rendus avec soin, la poitrine et le dos
s’enlèvent d’un modelé assez juste, la tête, alourdie par la coiffure,
s’emmanche à l’épaule d’un mouvement facile et sans gaucherie.
Le visage n’a pas grand relief, et l’expression en est moutonnière,
mais la bouche sourit, et les yeux rapportés de quartz et de cristal
ont un regard d’une douceur extraordinaire. C’est, somme toute,
un fort bon morceau d’imagerie égyptienne, et qui tiendrait sa
place dans n'importe quel musée.

Le nouveau scribe était accroupi devant la seconde stèle. Il
mesure 0m,51 de haut, à peu près la taille de son confrère que nous
possédons au Louvre, et il lui ressemble assez pour qu’on puisse
les décrire tous deux presque dans les mêmes termes. Les jambes
repliées sous eux et tendues à plat contre le sol, dans une de ces
postures familières aux Orientaux, mais presque impossible à garder
pour un Européen, le buste droit et d’aplomb sur les hanches,
la tête levée, la main armée du calame et bien en place sur la feuille
de papyrus étalée, ils attendent encore l’un et l’autre, à six mille ans
de distance, que le maître veuille reprendre la dictée interrompue.
Le mouvement et l’attitude professionnels sont saisis avec une vérité
qui ne laisse rien à désirer : ce n’est pas seulement un scribe que
nous avons devant nous, c’est le scribe tel que les Egyptiens le con-
naissaient dès le début de leur histoire. L’habileté avec laquelle les
traits généraux qui appartenaient à chaque classe de la société
ont été démêlés et coordonnés par les sculpteurs compte pour
beaucoup dans l’impression de monotonie que leurs oeuvres produi-
sent sur les modernes. Cette impression s’atténue et s’efface presque,
dès qu’on y regarde d’un peu près et qu’on voit de quel soin ils
ont su noter et traduire toutes les particularités de forme et d’allure
qui composent leur physionomie propre à chacun des individus qui
vivent dans un même milieu social ou exercent une même profession.
Nos deux scribes ne croisent pas les jambes de façon identique, mais
celui du Louvre passe la droite en avant, celui de Gizeh la gauche.
Ce n’est point choix raisonné, et au début les enfants s’accroupissent
comme cela vient, sans préférer une jambe à l’autre; mais l’habitude
vient bientôt qui les immobilise dans l’attitude une fois prise, et l’on
 
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