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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 4
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Maspero, Gaston: Le nouveau scribe du Musée de Gizeh
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0294

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LE NOUVEAU SGIllBE 1)U MUSÉE DE GIZE1I.

2G7

voit aujourd’hui encore en Orient des gens qui sont ou gauchers ou
droitiers de jambe, peu qui soient gauchers et droitiers indifférem-
ment. Le scribe du Louvre couche la main en tenant le calame,
celui de Gizeli la tient haute. Le scribe du Louvre redresse le buste
et se lève sur les hanches, celui de Gizeli se tasse et arrondit légère-
ment le dos. C’est bien là une particularité de la personne et non
une question d’àge, car un coup d’œil jeté sur les deux statues
montre que le scribe de Gizeli est plus jeune que celui du Louvre. Il
a le corps plein et bien en chair, mais ferme et sans rides : celui
du Louvre a des plis et la poitrine flasque. Le premier n’a pas
dépassé la trentaine, tandis que le second compte certainement plus
de quarante ans. Qui voudra pousser la comparaison point à point,
reconnaîtra l’habileté raffinée dont les deux vieux tailleurs de
pierre ont fait preuve en copiant leurs modèles. C’est la vie prise sur
le fait.

Aucune des deux statues ne porte un mot d’inscription qui nous
apprenne le nom et les qualités de notre personnage. Ce ne devait
pas être le premier venu : un tombeau de grande taille supposait
toujours une-fortune considérable, ou une haute position dans la
hiérarchie administrative qui suppléait à la médiocrité de la fortune.
11 arrivait aussi que Pharaon, voulant récompenser les services
rendus par quelqu’un de son entourage, lui accordait une statue, une
stèle, une tombe entière que les architectes royaux construisaient
aux frais du trésor. Il est donc certain que notre scribe anonyme
tenait un bon rang de son vivant, mais dans'quelle dynastie doit-on
le placer? Il ressemble de si près au scribe du Louvre qu’il était
évidemment contemporain de celui-ci : il vivait donc vers la fin de
la Ye dynastie, et l’on arrive au même résultat si on le compare aux
autres statues qui sont conservées à Gizeli. C’est le style des
statues de Ti et de Rânofir, de ces dernières surtout. L’une d’elles
est de très belle allure, celle qui portait jadis le n° 975 au Musée
de Boulaq L Elle représente Rânofir, debout, les bras collés au corps,
la jambe portée en avant, dans l’attitude du prince qui regarde ses
vassaux défilant devant lui. Si petite que soit notre vignette, on ne peut
manquer de remarquer combien le style de ce morceau est identique
à celui du scribe. En premier lieu, la coiffure est la même, et ils ont
l’un et l’autre la tête encadrée pour ainsi dire d’une perruque évasée.
Les cheveux ou les fibres qui la composent étaient gommés, comme 1

1. Maspero, Guide du visiteur au Musée de Boulaq, p. 28.
 
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