EXPOSITION
DES
ŒUVRES DE MEISSONIER
(premier article)
I.
LE VIGNETTISTE ET LE GRAVEUR.
L’histoire du livre illustré est
facile à résumer. C’est une lutte
constante, avec alternatives de succès
et de revers, entre deux systèmes :
la vignette dans le texte, faisant
corps avec le livre et l’ornant, ne
pouvant en être séparée (là est la vé-
ritable illustration) ; — et la figure
hors texte simplement placée dans le livre pour donner un relief
aux principaux passages, et qu’on peut supposer enlevée sans que le
livre soit détruit : un volume avec figures à part est moins un livre
illustré qu’une sorte de portefeuille renfermant une suite d’estampes.
Or, à la veille de 1830, la vignette, — la vignette dans le texte,
— était décidément abandonnée depuis au moins quarante ans,
vaincue par la figure hors texte qui régnait absolument. Mais il y a
plus : la figure hors texte elle-même était en très fâcheuse posture,
étant tombée sous la Restauration aux lourdes et assez triviales com-
positions de Desenne, aux dessins fort ordinaires du jeune Horace
Yernet, à ceux un peu plus fins peut-être d’Achille Devéria, mais
tout cela platement .traduit par une école de burinistes de décadence,
DES
ŒUVRES DE MEISSONIER
(premier article)
I.
LE VIGNETTISTE ET LE GRAVEUR.
L’histoire du livre illustré est
facile à résumer. C’est une lutte
constante, avec alternatives de succès
et de revers, entre deux systèmes :
la vignette dans le texte, faisant
corps avec le livre et l’ornant, ne
pouvant en être séparée (là est la vé-
ritable illustration) ; — et la figure
hors texte simplement placée dans le livre pour donner un relief
aux principaux passages, et qu’on peut supposer enlevée sans que le
livre soit détruit : un volume avec figures à part est moins un livre
illustré qu’une sorte de portefeuille renfermant une suite d’estampes.
Or, à la veille de 1830, la vignette, — la vignette dans le texte,
— était décidément abandonnée depuis au moins quarante ans,
vaincue par la figure hors texte qui régnait absolument. Mais il y a
plus : la figure hors texte elle-même était en très fâcheuse posture,
étant tombée sous la Restauration aux lourdes et assez triviales com-
positions de Desenne, aux dessins fort ordinaires du jeune Horace
Yernet, à ceux un peu plus fins peut-être d’Achille Devéria, mais
tout cela platement .traduit par une école de burinistes de décadence,