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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Lefort, Paul: Le Musée du Prado, 3, La peinture italienne - écoles florentine, ombrienne, milanaise et romaine, écoles diverses: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0232

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LE MUSÉE DU PRADO.

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complexion du sujet, tout nous paraît absolument différent et sans
identification admissible. Il y aurait peut-être à suggérer une
quatrième hypothèse qui s’appuierait sur la ressemblance, un peu
imprécise à coup sûr, mais tout de même troublante, à ne point trop
serrer de près l’analyse des traits, que l’on peut noter entre le
portrait du cardinal Passerini, peint également par Raphaël, et qui
est au Musée de Naples et celui de Madrid. Que concluerons-nous de
toutes ces hypothèses?... Simplement ceci : qu’il est de la plus
élémentaire sagesse d’imiter en cette question la prudente réserve
gardée par M. P. de Madrazo qui, après avoir pesé toutes les preuves,
comparé tous les documents, s’en est tenu, dans son excellent cata-
logue, à conserver l’anonymat au personnage représenté dans l’admi-
rable chef-d’œuvre de Raphaël.

Après le maître, nous ne voyons plus rien à dire de ses disciples
ni de ses successeurs dans l’École romaine. On rencontre bien, au
Prado, une Sainte Famille de Jules Romain, un Christ en croix du
Baroche, une Madone de Sassoferrato, une Fuite en Égypte de Carlo
Maratta et des Ruines de Pannini, mais il suffira, sans nous arrêter
devant ces toiles, de les qualifier d’estimables.

Nous n’aurons pas davantage à analyser les œuvres de l’École
bolonaise; les Carrache, à Madrid, n’ayant rien à nous révéler, non
plus que le Guide, que l’Albane et le Guerchin. Bon Dieu! que ces
Bolonais ont donc été féconds et comme ils encombrent les collections
publiques !

Quand on a rendu Ribera à l’Espagne, l’École napolitaine dont il
est le prince reste décapitée. Antonio Ricci, surnommé Barbalunga
(1600-1649), ne fut pas un de ses élèves, puisqu’il paraît s’être
attaché de préférence au style et aux méthodes du Dominiquin ; nous
signalons de lui, pour le charme puissant de sa coloration et la pro-
fondeur du sentiment tragique, une Sainte Agathe, couchée à terre,
expirante, les seins coupés.

D’Aniello Falcone et de son élève Salvator Rosa, rien à citer qui
soit inattendu ou d’une assez haute valeur et quant à Luca Giordano,
dont l’incontinente fécondité a couvert l’Escurial, la sacristie de la
cathédrale de Tolède, vingt églises et couvents et les parois du Musée
du Prado de centaines de mètres carrés de fresques et de peintures
à l’huile, nous ne pouvons que souhaiter, après le regretté Clément
de Ris, qu’il passe un jour par là quelque iconoclaste de goût.

PAUL LEFORT.
 
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