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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 4
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Maspero, Gaston: Le nouveau scribe du Musée de Gizeh
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0295
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263

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

aujourd'hui encore les chevelures de certaines tribus africaines :
bien ajustés sur le front et sur le sommet de la tète, ils s’écartaient
du crâne en descendant et formaient autour de la face une sorte
d’écran sombre qui accentuait la teinte blanchâtre des chairs. Le
modelé du torse et des jambes, la musculature des bras, sont rendus
de même dans les deux cas, et l’expression de fierté qui caractérise la
physionomie de Rânofir rehausse les traits un peu vulgaires du
nouveau scribe accroupi. Ce sont là autant de faits qu’on n’observe
plus sur d’autres portraits de nos personnages. La statue assise
que j’ai décrite en premier lieu a l’aspect général de notre scribe et
le représente ; mais la technique et le sentiment diffèrent à ce
point qu’elle appartient nécessairement à un autre sculpteur. De
même pour Rânofir. Celle de ses statues à laquelle on avait donné le
n° 1049 au Musée de Boulaq 1 n’a point la grande allure qu’on
admire sur la statue n° 975 : elle est si lourde, si vide de style
et d’expression, qu’on dirait presque un autre personnage. La diffé-
rence de faire prouve qu’on s’était adressé à deux artistes divers
pour exécuter les statues d’un même homme. L’identité du faire nous
oblige en revanche à reconnaître la même main dans la statue
n° 975 de Rânofir et dans notre nouveau scribe accroupi : les
deux œuvres sont sorties d’un atelier unique.

Il serait curieux de rechercher si, parmi les statues que les
musées renferment, il ne s’en trouve point d’autres qu’on puisse
rapprocher de ces deux-là et rapporter à une commune origine. Je
n’en connais point jusqu’à présent, mais je dois ajouter à ce que j’ai
dit l’indication d’un signe particulier auquel on pourra les distin-
guer. Les Égyptiens avaient l’habitude de peindre leurs statues et
leurs bas-reliefs : mais les couleurs dont ils les revêtaient étaient
plus variées et plus sujettes à changer qu’on ne pense généralement.
On est accoutumé à ne voir pour les chairs qu’un ton rouge-brun,
qu’ils ont en effet employé fort souvent; mais ils n’usaient pas que
de celui-là, et l’on rencontre des figures d’homme enluminées de façon
très diverse. La statue n° 975 et le nouveau scribe accroupi ont une
coloration qui s’éloigne beaucoup de l’ordinaire. Celle de la statue
n° 975 a pâli depuis le temps qu’on a sorti Rânofir de son tom-
beau et qu’on l’a exposé à la lumière; mais celle du scribe accroupi
de Gizeh est fraîche encore, et imite aussi fidèlement que possible
le teint jaune tirant sur le rouge de nos fellahs modernes. La 1

1. Maspero, Guide du visiteur, p. 221.
 
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