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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Meissner, Franz Hermann: Arnold Boecklin, [1]: artistes contemporains
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316

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Le second séjour du maître en Italie dura cinq ans. Puis, suivant
sa constante habitude de changer de résidence, il revint, en 1860,[à
Bâle, où il eut enfin la joie de voir son génie reconnu de ses compa-
triotes. A l'aide d’un procédé de son invention, il peignit à l’Hotel de
Ville trois fresques monumentales, qui sont aujourd’hui fameuses
par la singularité de leur composition et la verve de leur exécution.
11 sculpta vers la même époque, pour la décoration d’un autre édifice
public de sa ville natale, des masques grotesques d’une extraordinaire
intensité d’expression satirique, et qui reproduisaient, dit-on, avec
une extrême ressemblance de caricature, les figures de certains
citoyens de Bâle.

Il peignit ensuite pour la galerie Schack quatre petits tableaux
qui sont des joyaux de couleur, et qui comptent parmi ses chefs-
d’œuvre : la Marche vers Ernmaüs, pleine d’un sentiment chaud et
vraiment religieux ; la terrible Mort chevauchant dans un paysage; les
Furies poursuivant un meurtrier, et enfin la Gorge du Dragon, d’après
une ballade de Gœthe.

En 1871,1e maître s'installe de nouveau à Munich, et il y reprend
la série des grandes compositions qu’il avait inaugurées naguère avec
sa Villa au bord de la mer. Sa personnalité de jour en jour s’affirme
plus étrange et plus puissante, faisant de lui, décidément, avec
Menzel, le maitre le plus génial de l’Ecole allemande. La bizarrerie
de ses visions se clarifie ; l a grossièreté de certaines de ses peintures
précédentes se change en une réelle grandeur lyrique; et c’est aussi
à ce moment que nait dans son œuvre ce type où se mélangent les
particularités de l’homme, du cheval et du poisson, type qu’il a pour
ainsi dire renouvelé, en le l'amenant à son origine antique, en lui
donnant toute la valeur d’un symbole panthéiste. Son art acquiert
ainsi sans cesse davantage une signification philosophique ; il
devient une poésie de la nature, l’expression de ses forces profondes
et de ses sentiments éternels. Tel nous apparaît l’art de Bœcklin,
notamment, dans son Combat de Centaures, dans ces Idylles de la mer
où s’allient merveilleusement la verve romantique et la haute et
noble inspiration classique. De ce séjour à Munich date également
le Paysage héroïque, refait plus tard , sous le titre de VIncendie du
Bourg.

Mais à Munich, non plus, Bœcklin ne put demeurer longtemps. En
1876, il retourna pour la troisième fois en Italie, et s’établit cette
fois à Florence. Sous l’influence des grands maîtres de la Renaissance
florentine, son génie prit encore plus de perfection formelle et plus
 
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