Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Meissner, Franz Hermann: Arnold Boecklin, [1]: artistes contemporains
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0345

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ARNOLD B OE CK LIN.

315

inspirés de l'Odyssée rappellent à plus d’un égard les siens. Mais il
ne resta pas longtemps à Weimar. La petite ville avait beau être
charmante, Boecklin avait beau s’y trouver en compagnie de maîtres
éminents, qui tentaient d’y renouveler l’époque glorieuse des Goethe
et des Schiller, Weimar, c’était trop le Nord pour son génie tout
assoiffé du soleil du Midi. Il souffrait de vivre dans ce pays : rien ne
le prouve mieux que ce fait, que, pendant tout le temps de son séjour
à Weimar, au lieu de profiter de l’aisance et de la liberté, enfin
conquises, pour se consacrer à son art, il s’occupa pour ainsi dire
exclusivement de sa machine volante. Le critique d’art bavarois
Pecht raconte même à ce propos un trait qui peint l’extraordinaire
influence exercée toujours par Boecklin sur tous ceux qui l’appro-
chaient : à l’exemple du peintre, tous ses collègues et tous ses amis,
négligeant les soins de leur profession, s’étaient mis à s’occuper de
machines volantes, si bien que l’on entendait dire couramment dans
Weimar : « Encore un à qui Boecklin a fait perdre la tête! »

Il ne peignait pour ainsi dire pas. Pourtant, une Chasse de Diane,
un de ses petits tableaux les plus connus, exprime dans sa compo-
sition et son exécution une allégresse infinie. Nous y voyons le dieu
Pan assis sur un rocher au plein soleil de midi et mettant en fuite,
d’un éclat de rire panique, un berger et son troupeau. Impossible
d’imaginer une composition plus vibrante de vérité et d’humour.

Boecklin aspirait de toute son âme vers le soleil du Midi : ces deux
tableaux de Pan suffiraient à le prouver. En 1861, quittant définitive-
ment Weimar, il retourne à Rome, d’où il repart bientôt pour errer
au hasard dans le sud de l’Italie, visitant Naples, Capri, Pompéi, se
remplissant les yeux de couleur et de lumière, en même temps qu’il
développe et raffine son goût naturel de la vie antique.

La Villa au bord de la mer est le premier fruit de ce nouveau
séjour du maître en Italie. C’est aussi la première en date de toute
une série de grandes compositions qui vont montrer sous un aspect
jusque-là inconnu le génie de Boecklin.

Deux autres ouvrages de la même période, dans un étrange
contraste avec le pathétique et la mélancolie de la Villa au bord de la
mer, présentent au contraire, l’un, un caractère de pure idylle,
l’autre, le type d’un humour joyeux et calme. Ces deux tableaux
sont la délicieuse Plainte du berger, qu’écoute sans être vue la belle
Amaryllis, et le Cabaret antique, à la porte duquel on voit, devant
une statue de Bacchus, un soldat ivre qui titube et une bouquetière
qui chante.
 
Annotationen