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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 5
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Reymond, Marcel: La sculpture florentine au XIVe et au XVe siècle, [1]
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354

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Michel-Ange, ce n’est pas, comme le pensait Vasari, l’art de Giotto
ou de Nicolas de Pise, ce n’est pas davantage la création de l’art
flamand entre les mains des Van Eyck, c’est l’apparition de l’art
français dans les dernières années du xn° siècle. Voilà le fait capital
qui va dominer l’art chrétien des nations germano-latines. Pour
connaître l’art européen au xmc et au xive siècle, il faut d’abord
interroger la France.

L’art créé en France, au temps de Philippe-Auguste, avait pour
caractéristique la grandeur, la majesté, la puissance souveraine;
c’était, dans la représentation de l’ètre humain, le choix des caractères
les plus nobles, santé, force, beauté du corps, l’être vu dans l’équi-
libre parfait de ses facultés ; c’était surtout, au point de vue moral, le
choix des sentiments les plus purs, l’àme observée en pleine posses-
sion d’elle-même, affranchie du trouble violent des passions. Par
suite d’un extraordinaire concours de circonstances favorables, la
France retrouvait, au xnie siècle, l’art du ve siècle grec.

Après avoir créé, à l’origine, une première forme d’art tout
empreinte de noblesse et de grandeur, l’art français, semblable ici
encore à l’art grec, ne tarda pas à évoluer et à donner naissance
à une seconde école plus éprise de tendresse, qui substitua la grâce à
la majesté, le mouvement au calme, les finesses d’exécution aux
grands effets d’ensemble. De même qu’à Athènes l’art de Praxitèle
succédait à l’art de Phidias, de même à Paris les maîtres de la cathé-
drale sculptaient la Porte de Saint-Étienne (1257) après avoir sculpté
la Porte de la Vierge (1220). Par ces deux œuvres, la France, non
seulement dotait le monde de deux nouvelles grandes formes d’art,
mais elle en donnait en même temps les plus parfaits modèles.

C’est la seconde forme de l’art français que nous allons voir
régner à Florence pendant tout le xivc siècle, et se continuer encore
au cours du xve. Cette forme d’art, que la France ne poussa pas très
avant, grandira dans l’école florentine, s’y développera pendant
deux siècles et produira une suite ininterrompue de chefs-d’œuvre,
tout d'abord avec André de Pise et Orcagna, plus tard avec Ghiberti
et Luca délia Robbia, et enfin avec Desiderio, Rossellino et Verrochio.

Le caractère gracieux de la sculpture florentine, sa finesse
d’exécution, étaient une conséquence des matériaux qu’elle employait
et des circonstances au milieu desquelles elle allait se développer.
En France le sculpteur, ayant à décorer les porches profonds et les
vastes tympans de nos cathédrales, s’attache surtout aux grandes
 
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