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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr.1
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Lechat, Henri: Tanagra, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0012
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GAZETTE DES BEAUX-A11TS.

Corinne. — Une ville sans grand prestige, de laquelle il ne restait
que des débris de murs, patrie d’une poétesse sans grand renom, de
qui il ne reste que des lambeaux de vers..., on pouvait très légitime-
ment ignorer cela.

Mais Tanagra s’est trouvée être aussi la patrie d’un petit peuple
de figurines en terre cuite, curieuses à étudier, ravissantes à regarder,
qui ont fait leur entrée dans le monde, sans y être attendues, vers
l’année 1873 ; et, à cause de celles-ci, le nom de Tanagre, à peu près
inconnu la veille, est devenu cher entre les plus chers à ceux qu’in-
téresse l’étude de la Grèce antique, comme à ceux qu’attire toute
manifestation de la beauté. Puis, bientôt, dépassant le cercle des
archéologues, des artistes, des collectionneurs, il s’est imposé même
au public frivole. Car ces terres cuites, qui devaient prendre place,
et une des plus belles places, dans les vitrines de nos Musées et dans
les publications archéologiques, étaient promises à une faveur plus
haute encore : la Mode devait les pousser parmi les menus objets de
luxe et d’art, indispensables élégances des salons, des-boudoirs ; et
elles y ont fait cruellement tort aux vieillottes statuettes de Saxe,
aimées de nos grand’mères.

Ce qu’était la ville de Tanagre, au ive et au 111e siècle avant Jésus-
Christ, nous serions aujourd’hui avides de le savoir, et nous ne le
savons pas, ou du moins nous ne faisons que l’entrevoir, l’espace
d’une seconde, comme dans un éclair rapide dont la lumière s’éteint
trop vite. Tout ce que nous en savons, en effet, tient en quelques
notes d’un voyageur grec, Héracleidès, qui passa par là vers le
milieu du 111e siècle; notes intéressantes, précises, sincères de ton,
mais d’une brièveté désolante h Le voyageur vient d’Oropos : une
étape très courte, trente stades seulement, une simple promenade.
La route est sûre, point de détrousseurs à craindre : il a l’esprit
libre pour remarquer les oliviers, les beaux vergers plantés d’ar-
bres de toute sorte, à travers lesquels il chemine sans se presser.
Il longe la rive gauche de l’Asopos, il est près de franchir un affluent
de ce fleuve, le Thermodon, quand tout à coup, après un détour de
la route, il voit devant ses yeux surgir la blanche Tanagre, étagée

1. Ces fragments de l’ouvrage d’Héracleidès : llepl tù>v sv tyj 'EXXàoi uoXswv, étaient,
jusqu’à ces derniers temps, attribués à Dicéarque de Messène.
 
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