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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Lechat, Henri: Tanagra, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0013

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TANAGRA.

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sur la pente raide du mont Kérykios, les temples de ses dieux en
haut k son théâtre un peu au-dessous, et enfin, plus bas, les maisons
de ses habitants, blanches et argileuses d’aspect, à cause des briques
d’argile blanchâtre dont elles sont construites. 11 gravit la montée,
il entre dans la ville, et dès l’abord il est charmé par la belle appa-
rence des maisons, garnies de coquettes vérandas, et dont les
murailles sont égayées de peintures. — Malheureusement, c’est à
cela que se bornent ses observations ; suivent quelques lignes encore
sur le caractère des Tanagréens, et voilà tout. Il y en a juste assez
pour exciter, sans la satisfaire, notre curiosité. Quel dommage qu’Hé-
racleidès, justement dans une ville dont le séjour lui plut, et dont il
eût parlé avec une intelligente sympathie, se soit montré si avare de
se.s impressions, si sec dans sa description, si indifférent à tout le
détail de la vie et des choses! Quel dommage, en un mot, qu’Héra-
cleidès n’ait pas été un Théophile Gautier, et que, étant à même
d’exécuter le tableau complet, il se soit contenté d’un croquis telle-
ment mince et sommaire, en quatre ou cinq traits ! Tel quel, et en
raison de sa date, ce croquis demeure précieux. Strabon etPausanias
ne nous donnent sur Tanagra que des renseignements purement
archéologiques ou historiques ; par Héracleidès, nous avons du
moins une vision — bien abrégée, mais nette — de la riante cité,
accrochée en l’air, blanche, ensoleillée, au-dessus des verdures de la
plaine fertile.

Aujourd’hui l’endroit est désert où, pendant des siècles, avait
existé Tanagra. Son mur d’enceinte est encore debout par places, et
des débris de ses temples, de son théâtre, de ses terrasses jonchent
le sol ; mais ce sont de pauvres ruines, sans caractère. Tout autour,
dans la plaine de l’Asopos et du Thermodon, des vignes, des champs
d'orge et de blé ; aux environs, quelques villages et hameaux alba-
nais. Après les fouilles de 1870-1873, on distinguait de loin, en
travers des champs, un éventail de grandes lignes qui, partant de
l’enceinte de la ville abolie, rayaient de leur blancheur le gris et le
vert de la plaine. Vues de près, c’étaient des milliers de petits tas de
l’argile blanche que la pelle des fouilleur-s avait tirée du sol ; et les
milliers de trous correspondant à ces amas de terre marquaient la
place de tombes tanagréennes, la plupart rangées en file de chaque
côté des voies antiques, selon cette coutume qui faisait de toute ville
comme une roue gigantesque posée à plat : — au moyeu, les habita-

1. J’ajoute ici une indication que fournit Pausanias (IX, 22).
 
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