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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Lechat, Henri: Tanagra, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0014

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8

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tions compactes des vivants, et, en guise de rais, les alignements
souterrains, prolongés plus ou moins, déshabitations des morts. Sur
ces tombes, aucun signe extérieur, les cippes fort modestes qui j
avaient été plantés autrefois ayant été, depuis longtemps, renversés
et enfouis. Rien, dans ces allées mortuaires, qui rappelât ni le charme
calme des monuments du Céramique d’Athènes, ni l’élégant pitto-
resque de la Rue des tombeaux, à Pompéi, et encore moins la magni-
ficence de désolation et la paix grandiose des ruines de la Voie
Appienne, à Rome. Du reste, presque tous ces trous, peu à peu, se
sont comblés, et, chaque année, la culture des champs en efface de
plus en plus la trace.

Ce n’est point là, en somme, parmi les Albanais de Bratzi et de
Skhimatari, qu’il faut évoquer le souvenir de Tanagra, — ni devant
les moellons épars à l’endroit maintenant appelé Gfrimadha, ni
devant ces tombes bouleversées et vidées de leur contenu. L’âme
de la jolie cité défunte est ailleurs. Elle s'était conservée, des
siècles et des siècles, ignorée, dans les frêles figurines de terre cuite
compagnes des morts; elle s’est échappée, avec celles-ci, des tombes
ouvertes. Il faut aller chercher cette âme, à présent, où sont ces figu-
rines elles-mêmes, dans les armoires des Musées, dans les cabinets
des collectionneurs, sur les étagères de quelques salons. Partout où
fleurit la grâce de l’une d’elles, d’une seule d’entre elles, c’est là,
véritablement, qu’est aujourd’hui Tanagra.

Sur ces petits chefs-d’œuvre tout a été dit déjà, je crois L Mais il
y a des choses qui sont si agréables à redire !... Et puis, en certains
points, les avis étant divers et contradictoires, il faut au moins
choisir, ou se tailler soi-même son opinion.

Donc, ces terres cuites ont été trouvées dans des tombeaux. Qu’y
faisaient-elles, et à quels besoins des morts étaient-elles censées
répondre? Par suite, que représentaient-elles aux yeux des vivants?
Question très simple en apparence, et qui ne doit cacher, semble-t-il,
aucune difficulté; en réalité, problème très complexe dont la solution
fuit toujours, se dérobe aux raisonnements les plus souples comme

1. Je suppose connus de tout le monde, outre les articles de Rayet, l’ouvrage
de M. Heuzey, les publications de M. Cartault, et le livre récemment paru de
M. Ed. Pottier, dans la Bibliothèque de l’Enseignement des Beaux-Arts.
 
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