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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 3
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Bouchot, Henri: Exposition des portraits des écrivains et journalistes du siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0216
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206

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

gardé une si délicieuse frimousse; même si l’on y réfléchit, pourquoi
pas aussi Mrae Lebrun-Vigée qui nous a laissé d’amusants mémoires,
dont les éditions ne se comptent plus? On dit ces noms en courant,
mais si l’on cherchait bien !

Sans doute, on n’a passé ni Marat, ni Robespierre, deux écrivains
discutables, encore que citoyens fort civiques, ni non plus Fabre
d’Eglantine, attribué à Prud’hon un peu à la légère, ni Lameth, ni
Chaumette. Mais alors pourquoi passer sous silence d’autres journa-
listes autrement féconds et moins terribles, le bon La Mésangère, par
exemple, créateur des journaux de mode, littérateur modeste et
érudit, qui a lancé une idée au moins sans gêner personne? On
aperçoit assez par ces omissions combien les organisateurs ont eu de
difficultés à vaincre, lesquels n’ont pas réuni tant de portraits
faciles à trouver et se sont vus encombrer de contemporains, dont
une simple photographie eût amplement payé le mérite.

Si nous limitons à la Restauration la première escouade des
écrivains du siècle, nous n’avons en véritables œuvres que dix ou
douze portraits au plus, dont seraient le Rabaut-Saint-Etienne, peint
par David, l’Abbé Grégoire, étudié sur nature par le même pour le
Serment du Jeu de paume, esquisse fort serrée, très intéressante,
aujourd’hui en la possession du peintre Jean Gigoux, le grand
collectionneur. Il y faudrait joindre le Ducis de Gérard, le Chateau-
briand de Paulin Guérin, largement touché dans un paysage alpestre,
lequel donne une réplique heureuse à celui de Girodet-Trioson. Entre
les deux peintres, c’est un débat à qui saura le mieux idéaliser son
modèle. Assurez-vous que Chateaubriand ne fut jamais le joli homme
rêvé par l’un et par l’autre. Sous Napoléon, les artistes avaient
appris le mensonge; ils arrangeaient les héros de l’épopée, les
faisaient mieux que nature et transportaient aux moindres leurs
moyens factices. Il y a lieu toutefois de décerner la palme à Guérin,
et c’est précisément cette effigie construite de brio, jetée sur la toile,
que les graveurs n’ont point connue. Lorsqu’une estampe nous
montre le Chateaubriand des Martyrs ou des Nat chez, c’est à Girodet
qu’elles empruntent leur bonhomme échevelé, romantique, la main
dans le revers du gilet comme Bonaparte àléna. Nous ne connaissons
l’homme que par Girodet, il eût gagné à nous venir de Guérin ; il faut
remercier M. le comte de Chateaubriand denous avoir offert ce régal,
en contribuant à une bonne œuvre.

Comme antithèse à l’écrivain royaliste, nous nous heurtons au
Paul-Louis Courier de Vigneron. C’est le catalogue qui nomme
 
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