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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Largillière, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0319
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306

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Largillière continuait cependant à faire une véritable collection
cle dignités académiques. Le 30 mai 1733, il avait été élu chancelier,
le 5 juillet 1738, il passe au grade de directeur. Il est vrai que cette
série de promotions ne le dispensait pas de vieillir : on voit par le
procès-verbal qu’à partir de cette époque l’artiste est empêché par des
indispositions fréquentes. Il est obligé, le 30 juin 1742, de donner sa
démission de directeur et, le 2 mars 1743, il faitson testament, opéra-
tion toujours un peu macabre. Depuis plusieurs années, il était octogé-
naire, ce qui lui enlevait l’entrain de la seconde jeunesse. Cependant
il travaillait encore. « Il a peint j us qu’à l’âge de quatre-vingt-six ans,
dit Mariette. Un de ses derniers portraits est celui de M. Néricault-
Destouches, qu’on peut voir dans la salle de l’Académie française au
Louvre. » En 1745, Largillière, incapable de se mouvoir, ne reparaît
pas à l’Académie de peinture et en effet il avait fait savoir le 6 mars
qu’il était hors d’état de remplir ses fonctions, et son nom ne figure
plus au bas des procès-verbaux. Le 8 janvier 1746, une visite lui est
faite au nom de l’Académie. On comprit bien que c’était un adieu.
Enfin le 20 mars 1746, Largillière meurt, rue Geoffroy-Langevin, et
il est enterré à Saint-Merry. Le 26 mars, l’Académie estinforméedesa
mort. Pas de lamentations. Le 27 août seulement un écho de
tristesse semble retentir lorsque Lemoyne le père donne à l’Aca-
démie le buste qu’il a fait de Largillière « comme un monument de
l’amitié qu’il avait pour ce grand homme et afin d’en perpétuer la
mémoire ».

Grand homme en effet et trop peu étudié, Largillière a eu du
portrait une conception assez originale. Il ne consent pas à peindre
le personnage abstrait et métaphysique, il le représente dans son
milieu social et dans son monde. D’un porlrait il fait volontiers un
tableau, très vivant, très en dehors, et il fait voir partout la joie
de peindre des chairs que caresse la lumière, des attitudes prises
sur nature, des étoffes qu’agite la brise extérieure. Pour les
sectateurs de Philippe de Champaigne, il y a un peu de fête et
d’emphase et quelquefois d’exubérance dans' ces images de la
vie en action et en relief, et dans ces gestes où tout remue; mais le
maître a, avec la joie, le goût et la science de la couleur, il agite
la figure humaine comme les draperies, et à ce superbe virtuose
nous pardonnons un peu de fanfare.

PAUL MANTZ,
 
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