Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [4]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0451
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
434

GAZETTE DES B EAUX-A LITS.

exquise. C’était le portrait de sa mère, nous l’avons retrouvé cette
année dans un château du Wiltshire où sont entassés cent chefs-
d’œuvre, et nous avons eu, à le revoir, le même plaisir qu’autrefois.
C’est une tête de femme âgée, coiffée d’une mantille et s’enlevant en
carnation délicate sur un fond d’émail blanc, comme les émaux de
Monvaerni et des premiers Limousins, mais il n’y a là aucune idée
d’imitation; le cadre est habilement fait d’émaux blancs et noirs,
rapportés en épaisseur avec une surprenante habileté.

Lepec n’a plus jamais atteint à cette perfection. M. Alf. Morrison
possède ses deux meilleurs émaux, qui sont ce portrait et une belle
coupe d’émail translucide. Nous ne parlerons que de ses émaux peints,
et nous croyons qu’il convient d’expliquer en quoi ils diffèrent de
ceux de Meyer et de Popelin.

Lepec était élève de Flandrin, mais aucun des tableaux qu’il a
peints ne mérite d’être cité. Ses émaux avaient plus de charme par
la couleur et le jeu des transparences que par la qualité du dessin.
Cependant quelques-uns furent d’une tout autre correction et d’une
composition supérieurequand il obtint de son parent, M. Lechevallier-
Chevignard, une collaboration précieuse. Lepec est le premier qui
ait songé à se servir de la plaque d’or comme excipient, non pas
seulement parce qu’elle ne s’oxyde pas comme le cuivre ou ne fait
pas éclater l’émail, comme la tôle ou l’argent, mais parce qu’elle
constitue un véritable paillon homogène qui transparaît sous l’émail,
avive les rouges et enrichit tous les tons. A l’exemple des anciens
orfèvres qui étendaient des émaux translucides sur leurs basses-tailles
d’or fin, Ch. Lepec emploie les émaux les plus riches, mais il ne grave
pas la plaque de métal, il la décape et la brillante au brunissoir, il la
couvre d’une mince couche de fondant sur laquelle il peint son
esquisse avec des demi-tons roux et gris, et peu à peu il les monte, il
les exalte jusqu’aux couleurs les plus riches, les plus éclatantes,
sans y introduire un seul émail opaque, osant à peine modeler les
chairs avec des blancs laiteux qui ont des jeux d’opale. Les seules
fermetés qu’il consente à donner en finissant, c’est avec des ors de
coquille qu’il les obtient, et c’est pourquoi ces peintures, d’une richesse
sans analogie aucune dans les émaux anciens, restent flottantes,
d’un dessin indécis et nuageux avec des dessous d’or qui transpa-
raissent et qui miroitent.

On voyait au Salon de 1864 deux plaques rondes faites par ce
procédé et qui ont été sévèrement jugées alors par le critique de la
Gazette; l’une d’elles, la Volupté, fut achetée par l’orfèvre anglais
 
Annotationen