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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0452

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LA RENAISSANCE DES EMAUX PEINTS.

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Robert Philips qui devint l’ami et le protecteur de Lepec et à qui
celui-ci dut son succès en Angleterre. Donc, aucune analogie entre le
style et la façon d’émail de Lepec et de Meyer, de Gobert ou de
Popelin. Plus ils avanceront, plus s’accuseront les différences.

Il est, je crois, à propos d’indiquer de suite une autre manière
d’émail et de nommer un autre artiste qui mérite une place à côté
de ceux-là. C’est M. Frédéric de Courcy. Comme les précédents, c’est
un peintre, il est sorti de l’atelier de Picot, il a eu des tableaux de
genre remarqués au Salon et notamment, en 1864, un « Louis XIV
enfant prenant une leçon d’équitation »; c'est vers ce temps-là [qu’il
sollicite son admission à Sèvres. Il entre dans l’atelier des peintres,
y retrouve des amis de l’Ecole, s’y lie avec Gobert, suit les essais do
Meyer, mais, à l’inverse de tous ceux qui ont tenté de l’émail, ce n’est
pas au praticien moderne qu’il va demander conseil, c’est aux ancien s
maîtres. Courcy m’a raconté ses visites aux vitrines de la galerie
d’Apollon, l’attention soutenue qu’il apporta à l’étude des Limousin,
des Courtois, des Reymond, et l’ignorance profonde où il était des
moyens techniques de l’émaillerie. Ce fut le chimiste Fontenay, son
ami, qui lui donna sa première leçon — leçon toute scientifique —
où il fit devant lui la genèse de l’émail, calcinant des cailloux, les
broyant, en tirant de la silice, préparant le sel de potasse, brûlant et
oxydant ensemble le plomb et l’étain, lavant, décantant les produits
obtenus, les mêlant au feu dans un creuset, produisant enfin le
fondant et le blanc opaque, puis, à l’aide d’oxydes métalliques, deux ou
trois des couleurs essentielles. Il fallait le dévouement et la patience
d’un ami pour mener cette leçon jusqu’au bout. Le chimiste n’y faillit
pas, il étendit ses émaux lui-même sur une plaque de cuivre, après
les avoir broyés et préparés à l’eau; il les fondit à la moufle et
dessina une silhouette informe, mais il avait fait un émail, et Courcy
sortit du laboratoire, ayant compris mieux peut-être que beaucoup
de peintres, ce qu’était la matière qu’il fallait vaincre et il alla
demander des leçons à Meyer.

Meyer était mis en défiance par son aventure avec-Popelin ; il posa
des conditions auxquelles Courcy 11e pouvait ni 11e voulait souscrire,
et c’est avec son aide qu’il apprit, cherchant beaucoup par lui-
même, apprenant scientifiquement par Salvétat et par Fontenay,
revoyant les émaux des vieux maîtres, lisant, cuisant, questionnant,
recommençant et parvenant enfin à produire une belle plaque
émaillée, d’après le tableau de Gustave Moreau : « Œdipe et le
Sphinx. » Cet émail figura au Salon en 1866. Durand-Ruel l’acheta et
 
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