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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
porta le développement de cet art à son dernier période d’affinement.
Les nombreuses expéditions des Ramsès en Syrie et les trophées
qu’ils en avaient rapportés vulgarisaient tous les produits de l’Orient.
Il était de bon ton d’imiter en tout les Asiatiques. Le dialecte
égyptien s’était mêlé de mots empruntés à celui des peuples vaincus ;
les idiomes sémites étaient enseignés dans les écoles; architecture,
ameublement, costume, tout avait pris l’empreinte de l’art des
Amou (les Asiatiques en général). Aussi nombreuses étaient alors les
décorations de faïence appliquées aux murailles des palais royaux ou
des villas seigneuriales.
Les principales qui soient parvenues jusqu’à nous proviennent
d’une butte de décombres qui marque l’emplacement d’une ville
antique à laquelle le nom moderne arabe de Tell-el-Yahoudi attache
comme un ressouvenir d’une légende hébraïque. Les ouvriers qui la
bâtirent étaient-ils des Juifs ramenés en esclavage après une expé-
dition de Ramsès III? Peut-être. Cela entrait dans les mœurs des
Egyptiens, qui toujours employèrent leurs prisonniers aux grands
travaux en cours d'exécution.
En tout cas, la rareté des édifices de pierre et la quantité de
plaques de revêtements trouvées dans les ruines permettent de croire
que la ville était bâtie en briques et que ses monuments n’étaient
ornés que de peintures et de faïences de toutes couleurs. L’un d’eux
surtout était encore en assez bon état au commencement du siècle.
Était-ce un temple? Champollion l’affirme, et, se basant sur son auto-
rité, chacun l’a répété après lui. Sa définition, que j’emprunte à
M. Maspero (Archéologieégyptienne), laisse place à plus d’un doute :
« Le noyau de la bâtisse était en calcaire et en albâtre ; mais les
tableaux, au lieu d’être sculptés comme à l’ordinaire, étaient une
sorte de mosaïque où la pierre découpée et la terre vernissée se
combinaient à parties presque égales. L’élément le plus fréquemment
répété est une rondelle de frite sableuse revêtue d’un enduit bleu ou
gris sur lequel se détachent en nuance crème des rosaces simples ou
encadrées de dessins géométriques, des toiles d’araignée et des fleurs
ouvertes. Ces rondelles, dont le diamètre varie d’un à dix centimètres,
étaient fixées à la paroi au moyen d’un ciment très fin... » « Le
monument avait été exploité au commencement du siècle, et le Louvre
possédait depuis Champollion des figures de prisonniers qui en pro-
venaient; ce qui en restait a été démoli il y a quelques années parles
marchands d’antiquités, et les débris en sont dispersés un peu
partout. »
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
porta le développement de cet art à son dernier période d’affinement.
Les nombreuses expéditions des Ramsès en Syrie et les trophées
qu’ils en avaient rapportés vulgarisaient tous les produits de l’Orient.
Il était de bon ton d’imiter en tout les Asiatiques. Le dialecte
égyptien s’était mêlé de mots empruntés à celui des peuples vaincus ;
les idiomes sémites étaient enseignés dans les écoles; architecture,
ameublement, costume, tout avait pris l’empreinte de l’art des
Amou (les Asiatiques en général). Aussi nombreuses étaient alors les
décorations de faïence appliquées aux murailles des palais royaux ou
des villas seigneuriales.
Les principales qui soient parvenues jusqu’à nous proviennent
d’une butte de décombres qui marque l’emplacement d’une ville
antique à laquelle le nom moderne arabe de Tell-el-Yahoudi attache
comme un ressouvenir d’une légende hébraïque. Les ouvriers qui la
bâtirent étaient-ils des Juifs ramenés en esclavage après une expé-
dition de Ramsès III? Peut-être. Cela entrait dans les mœurs des
Egyptiens, qui toujours employèrent leurs prisonniers aux grands
travaux en cours d'exécution.
En tout cas, la rareté des édifices de pierre et la quantité de
plaques de revêtements trouvées dans les ruines permettent de croire
que la ville était bâtie en briques et que ses monuments n’étaient
ornés que de peintures et de faïences de toutes couleurs. L’un d’eux
surtout était encore en assez bon état au commencement du siècle.
Était-ce un temple? Champollion l’affirme, et, se basant sur son auto-
rité, chacun l’a répété après lui. Sa définition, que j’emprunte à
M. Maspero (Archéologieégyptienne), laisse place à plus d’un doute :
« Le noyau de la bâtisse était en calcaire et en albâtre ; mais les
tableaux, au lieu d’être sculptés comme à l’ordinaire, étaient une
sorte de mosaïque où la pierre découpée et la terre vernissée se
combinaient à parties presque égales. L’élément le plus fréquemment
répété est une rondelle de frite sableuse revêtue d’un enduit bleu ou
gris sur lequel se détachent en nuance crème des rosaces simples ou
encadrées de dessins géométriques, des toiles d’araignée et des fleurs
ouvertes. Ces rondelles, dont le diamètre varie d’un à dix centimètres,
étaient fixées à la paroi au moyen d’un ciment très fin... » « Le
monument avait été exploité au commencement du siècle, et le Louvre
possédait depuis Champollion des figures de prisonniers qui en pro-
venaient; ce qui en restait a été démoli il y a quelques années parles
marchands d’antiquités, et les débris en sont dispersés un peu
partout. »