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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 12.1894

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Nr. 1
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique: l'exposition universale d'Anvers; le vieil Anvers
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https://doi.org/10.11588/diglit.24665#0095

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ingénieuse et qui tout d'abord fait croire à une étendue de beaucoup supérieure.

Sans précisément ressusciter aux jeux du promeneur l’Anvers même du passé,
les créateurs de cet ensemble, où l'inspiration de l'ordonnateur, M. Yan Kuyck. a
été merveilleusement secondée par l’érudition de l'architecte, M. Eug. Geel's, ont
adapté d’une manière excellente une foule de constructions disparues quelques-unes
depuis plusieurs siècles, et, à cet égard, fait œuvre d’archéologues et d’historiens
non moins que d’artistes.

Et, par respect de la couleur locale, les gens qui peuplent ce décor ont adopté le
costume des bourgeois et des artisans du xvi° siècle, se sont confiés à la garde de
soldats du même temps.

Après avoir franchi le fossé de l’enceinte par les ponts où veillent quelques
lansquenets aux amples chausses à taillades, au costume rayé de rouge et de
blanc, couleurs d’Anvers, ou jaune et noir couleurs de l’empire, on pénètre en
ville par l’antique porte de Kipdorp, célèbre par l’héroïque défense des bourgeois
contre l'entreprise du duc d’Alençon. L’on se trouve alors avoir à sa gauche la rue
de la Bourse, que bordent de chaque côté des façades de bois et de pierre, aux galbes
variés, surmontés d’épis aux formes élégantes, tantôt à front de chaussée, tantôt
presque dissimulées au fond d'un jardinet ou d'une cour, alternant avec quelque
escalier pittoresque.

Tout cela est vivant et bien réel. Le forgeron, à son enclume, martelle ces
lleurons, ces enseignes qui, partout ici, ont trouvé leur emploi ; le batteur de cuivre
façonne des plats et des ustensiles de ménage; la dentellière est à son carreau,
comme nous voyons tisser par des jeunes filles les beaux tapis dans le goût oriental
dont la comtesse de Mérode a érigé une fabrique dans son domaine de Westerloo.

Nous ne serions pas en pays flamand si vingt endroits plus pittoresquement
disposés les uns que les autres ne nous offraient l’occasion de déguster les bières
nationales, les vins de France et d’Allemagne, à enseignes, comme l'exigeait l'or-
donnance de 1553, de couronnes de lierre ou d’iris.

Si Ton pénètre dans les maisons, on en trouve l'ameublement et la disposition
en parfaite harmonie avec l’extérieur. Telle pièce est tendue de cuir doré, a des
meubles et des tableaux fort intéressants, car les marchands d’antiquités ont trouvé
là un cadre merveilleusement adapté à leurs marchandises.

Les enseignes tantôt sculptées, tantôt en fer forgé ou en cuivre battu, alternent
avec des inscriptions gravées dans la pierre des façades. Aux fenêtres à petits carreaux
se montrent des fleurs, sont appendues des cages où chantent des oiseaux; tout cela
est riant et pittoresque, et, chose essentielle pour donner l’illusion, maintenu dans
les tonalités claires d’un appareil que n’a point assombri le passage des siècles.

Remarquons, au surplus, que ces façades ne sont point inventées. Plusieurs
sont aisément reconnaissables pour qui se rappelle l’ancien Anvers ; d’autres
paraissent empruntées à Bruges, a Malines, à Fûmes.

En poursuivant notre route, nous arrivons à un enclos encadré d’un portique à
colonnes, où retentissent des instruments de jadis, jouant des airs d’un charme
pénétrant qu’on croit avoir entendus dans son enfance. C’est l’ancienne Bourse
d'Anvers, qu’on nomme encore la Bourse Anglaise et qui forme maintenant la
cour d’une maison particulière. 11 n’y a pas à méconnaître ici l’influence espagnole.

Par une des baies ouvertes, nous gagnons l’immense place publique entièrement
bordée de constructions monumentales, louées à des particuliers d’Anvers, ou
 
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