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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 12.1894

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Notes sur quelques œuvres d'art: conservées en Espagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24665#0174

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

162

de savoir si Rubens peignit le portrait en Espagne même, où s’il l’apporta de
Mantoue à son premier voyage. Certainement il appartient à cette période.
S'agirait-il d'une des effigies de jolies femmes que, même en Espagne, Vincent
de Gonzague prétendait obtenir de son peintre, ou bien de quelque jeune dame
que le duc de Lerme, devenu veuf, songeait à épouser?

Précisément en 1603, nous apprenons par l'intéressant travail de M. Armand
Bascliet1 qu’il fut question, dans un repas chez le duc de l’infantado, d’un projet
de mariage pour le ministre de Philippe 111 avec la jeune duchesse de Ferrare,
sœur de Vincent de Gonzague. Le portrait de Rubens nous donne-t-il l’image de
celte .princesse ? Nous ne disposons pas des éléments nécessaires pour résoudre
la question.

Il n’est point douteux que l’Espagne ne détienne bien d’autres pages de Rubens,
jusqu'à ce jour indéterminées ; la critique attend toujours le portrait équestre du
duc de Lerme si jalousement soustrait il son étude.

En attendant, il nous a été donné de retrouver une page très importante du
maître, œuvre qui s’est dérobée aux recherches si actives de M. Rooses : les
Disciples d'Emmaiis, première version du sujet, celle dont Swanenburg fit une
estampe en 1611. Ce tableau orne l'oratoire du palais d'Albe à Madrid.

Comme déjà nous avons eu l’occasion de le constater au simple aperçu de
la gravure, Rubens, à ce moment de sa carrière, subissait l’influence de l’école
bolonaise. La toile elle-même confirme la présomption. Aussi a-elle pu passer au
palais d’Albe pour une œuvre italienne. Sagement conçue, elle est d’une tonalité
sombre et n’annonce que de fort loin encore le brillant colorisle anversois.

L’allribuüon à Rubens des toiles du Musée de Valladolid, fournirait au
besoin la meilleure preuve de la très insuffisante connaissance que l’on a du maître
en Espagne. L’Assomption est un tableau sans valeur, et si le Saint François
d'Assise et le Saint Antoine de Padoue méritent une attention plus sérieuse, celle-ci
pourtant aboutit à leur exclusion de l'œuvre du grand peintre.

Les surprises de cette espèce ne sont pas rares en Espagne, où foisonnent les
copies d’après Rubens, exécutées, dit M. Rooses, pour orner les chambres des couvents.

Mais c’est à la cathédrale de Burgos que nous attendait la plus imprévue des
rencontres. On sait que dans l’ancienne sacristie de ce merveilleux édifice figurent
tous les portraits des évêques et archevêques de Burgos et d’Oca, depuis Saint
Jacques jusqu’à des temps rapprochés du notre. Le croira qui voudra, mais la
plupart de ces images, sinon toutes, de grandeur naturelle, sont des tètes
empruntées à des gravures et surtout & Y Iconographie de Van Dyck, avec l’adjonc-
tion des costumes adaptés au rôle que doivent jouer ici les personnages.

Le bon Gérard Seghers est promu Don Inigo Lopez de Mendoza ; Horace Gen-
tileschi passe Don Simon H ; Inigo Jones, l’architecte anglais, est accommodé en
Antonio de Roxas ; le graveur Charles de Mallery est superbe en Fernando de
Barcas; Aubert le Mire, peut-être à cause de son nom, est devenu Almiro Ier;
Jean Baptiste de Bisthoven, le jésuite anversois, est devenu don Garcia de Aragon,
et nous en citerions bien d’autres. Quiconque voudra se donner la peine d’em-
porter à la cathédrale de Burgos un exemplaire de Y Iconographie pourra cons-
tater la valeur historique absolument fictive de ces portraits de prélats.

I. Gazette des Beaux-Arts, lro pér., t. XX, 1866, page 4J.
 
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