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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 12.1894

DOI issue:
Nr. 3
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 11
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https://doi.org/10.11588/diglit.24665#0228

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216

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

point de passer pour l’idéal même de la beauté. Lucien est plus explicite :
un personnage d’un de ses dialogues, imaginant une beauté parfaite,
emprunte à la Lémnienne de Phidias le contour du visage, le modelé des joues
et le dessin du nez. Un rhéteur de l’époque impériale, Himerius, nous
donne à son sujet un renseignement plus précis : la déesse était représentée
sans armes, elle ne portait pas de casque sur la tète U Cette indication devait
permettre d’isoler, parmi les nombreuses Minerves de nos Musées, celles qui
pouvaient prétendre à être des répliques de la Lemnienne; mais nous allons
voir que cela n’était pas déjà si aisé.

Le Musée de Dresde possédait depuis longtemps deux statues en marbre
de Minerve, l’une avec une tête défigurée par une malencontreuse restau-
ration, l’autre avec une tête qui ne lui appartenait pas du tout. La tète de la
première statue était coiffée d’un casque d’un modèle banal, dont la gravure
ci-jointe, empruntée au recueil de Clarac, donnera une idée1 2. Dès 1804, Becker,
l’éditeur de YAugusteum, doutait que cette tète appartînt à la statue ; mais, plus
tard,, on insista sur l’identité des marbres et l’on considéra les scrupules de
Becker comme mal fondés. En 1872, M. Flasch, qui n’a pas toujours été aussi
bien inspiré, fit une découverte importante : il s’aperçut que la tète de la statue
de Dresde était identique à une tète du Musée de Bologne,, celle-ci dépourvue
de casque. Or, cette tète de Bologne avait déjà, à plusieurs reprises, appelé
l’attention des connaisseurs; mais M. .Brizio la déclarait moderne et M. Hey-
demann opinait comme M. Brizio. Quant à MM. Conze et Flasch, ils la croyaient
bien authentique; seulement, le premier y voyait la tête d’un éphèbe et le
second celle d’une amazone. Nous avons dit que la tête de Dresde était placée
sur un torse de Minerve; elle devait donc, concluait-on vers 1890, être étran-
gère à la statue, puisqu’elle représentait une amazone ou un éphèbe. Cette
conclusion paraissait si fondée que M. Treu, le savant conservateur des
antiques de Dresde, fit séparer la tète du torse; la tète ainsi isolée fut privée
de son casque moderne et complétée d’après un moulage de la tète de
Bologne, dont les dimensions étaient identiques3.

La brillante découverte de M. Furtwaengler se trouvait ainsi préparée
par des erreurs où la vérité avait sa part. En 1891, il vit à Dresde, dans
deux salles différentes, la tète et le torse. Une étude approfondie le convain-
quit qu’ils avaient été séparés à tort et qu’ils s’adaptaient avec une précision
irréprochable. Donc la tète de Bologne, cette tète que l’on avait attribuée à
un faussaire, était celle d’une Athéna et cette Athéna devait être une statue
célèbre, puisqu’il en avait existé au moins trois copies! Le casque seul de la
première statue de Dresde avait été rétabli à tort; nous avons déjà dit
comment on fut conduit à le supprimer.

1. Overbeck, Schriftquellen, n° 761.

2. Clarac, Musée, pl. 464, n° 868.

3. Furtwaengler, Meisterwerlce der griechischen Plastik, Berlin, 1894, pl. I.
 
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