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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 12.1894

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Nr. 3
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Lostalot, Alfred de: Le Musée du Prado, [9], L'école espagnole, 1: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24665#0260

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LE MUSÉE DU PRADO.

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ferré sur les pratiques des maîtres et en tirant tout ce qu’elles peu-
vent donner de gloire et de profits, qui tout à coup s’insurge contre
lui-mème, ferme boutique et se met à chercher autre chose. La
postérité, plus juste que les contemporains, lui tient compte de cet
effort; elle n’admire pas outre mesure l’œuvre qui en est sortie,
mais elle comprend la portée de l’enseignement. Les portraits du
Greco au Musée de Madrid, et son Christ mort., manquent évidemment
de séduction ; ils sont recommandables surtout par l’intensité du
caractère : quand on les a vus, on ne les oublie plus. Pour tout dire
d’un mot : Manet les tenait en haute estime, et, même, il s’en est
inspiré.

Luis Tristan (1586-1640) est le plus remarquable des élèves du
Greco — dans sa première manière; la seconde n’a pas trouvé d’imi-
tateurs. Ce fut, comme en témoignent un portrait d’homme au
Musée de Madrid, et plus encore les peintures du maître-autel de la
paroisse de Yepès, à Tolède, un artiste très entendu dans la pratique
de la peinture à la vénitienne, avec quelques qualités particulières
de finesse dans les tons, qui lui valurent l’honneur de fixer l’attention
de Velâzquez. Les suffrages d’un tel maître sont le plus bel éloge que
l’on puisse faire de son talent. En Espagne, on le considère comme le
précurseur de la brillante École de Madrid au xvne siècle.

Bien avant la venue du Greco, l’art du portrait avait reçu en
Castille d’un autre artiste étranger une impulsion de haute importance ;
mais nous n’avons pas à parler d’Antonio Moro (1512-1588) après ce
qu’en a dit précédemment notre éminent collaborateur M. Henri
Hymans. Par contre, le meilleur des élèves de Moro appartient en
propre à l’École espagnole et lui fait grand honneur. Alonso Sanchez
Coëllo (1515-1590) recueillit la succession de son maître, et comme
lui devint le peintre favori de Philippe IL Moins puissant qu’Antonio
Moro, moins sûr de sa main, Coëllo rachète cette infériorité par une
rare distinction dans l’allure de ses portraits et par des'délicatesses
de modelé qui le rapprochent de l’École française des Clouet. 11 jouit
d’une faveur extraordinaire auprès du fantasque et mélancolique
personnage qu’était le fils de Charles-Quint. « Coëllo, a écrit Paclieco,
fit plusieurs fois le portrait du roi... Il peignit également dix-sept
personnes royales, reines, princes, infants et infantes, qui l’hono-
raient et l’estimaient à ce point qu’ils entraient familièrement chez
lui pour jouer et se divertir avec sa femme et ses enfants. Il ne fut
pas moins honoré par les plus grands princes du monde, par les papes
Grégoire XIII et Sixte-Quint, le grand-duc de Florence, celui de
 
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