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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
qu'il semble affectionner. Des guirlandes de feuillage rappellent
l’école de Padoue. Ses œuvres principales sont : deux volets d’autel
avec saint Roch et saint Sébastien et, au dos, la Visitation (signés et
datés de 1513) au Musée d’Innsbruck 1 ; peut-être aussi saint Nicolas
et saint Erasme (1522), au même musée 1 2 et, au monastère de Neustift,
Marie entre les deux saints Jean ; puis quatre groupes de saints au
séminaire de Freising : saint Oswald et saint Martin, saint Nicolas
et saint Virgile, saint Florian et saint Georges, et deux autres
évêques, se détachant non plus sur un fond d’or, mais dans un
paysage de montagnes et de glaciers magiquement éclairés se perdant
dans le bleu profond et lumineux du ciel; enfin, selon M. Semper3,
deux beaux panneaux au château de Tratzberg, près Innsbruck:
saint Pierre et saint Paul, et deux autres encore supérieurs : saint
Jacques et saint Etienne dans la collection de M. le Dr Sepp, à Munich,
adjoints souvent, mais à tort, aux Pères d’Augsbourg et de la Pina-
cothèque, et que M. Janitschek4, avec plus de raison, regarde seule-
ment comme d’un peintre très parent de Michel Pacher, qui subit
aussi l’influence de Padoue et de Vicence, un grand artiste aussi
qu’il serait bien intéressant de connaître mieux.
Et puis, d’autres voies s’ouvrant, les traditions se modifièrent,
le goût changea, et ce fut la cause de vandalismes comme nous en
avons déplorés, qui ont fait disparaître combien encore d’autres
œuvres de Pacher ?... La poussière des siècles et de l’oubli s’amassa
peu peu à peu sur le souvenir du grand artiste et sur ses créations,
sur ses gracieuses Madones et tant de belles et vivantes figures
rehaussées d’un si riche coloris. Il est nécessaire enfin de les en
dégager, d’apprendre à les connaître et à les admirer; il est temps
pour la postérité de ratifier le jugement des contemporains, d’exalter
le nom et l’œuvre de Michel Pacher à l’égal des plus grands.
Et si la personne même du noble vieux maître reste, il est vrai,
un peu voilée, eh bien ! ne le regrettons pas trop: cette pénombre
donne à l’auréole de son génie et répand sur ses œuvres une séduc-
tion de plus : le charme attirant du mystère.
AUGUSTE MARGUILLIER.
1. Nos 43 et 44 du catalogue.
2. N° 45 du catalogue.
3. Die Brixner Malerschulen, etc.
4. Geschichte der deutschen Kunst : III. Malerei.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
qu'il semble affectionner. Des guirlandes de feuillage rappellent
l’école de Padoue. Ses œuvres principales sont : deux volets d’autel
avec saint Roch et saint Sébastien et, au dos, la Visitation (signés et
datés de 1513) au Musée d’Innsbruck 1 ; peut-être aussi saint Nicolas
et saint Erasme (1522), au même musée 1 2 et, au monastère de Neustift,
Marie entre les deux saints Jean ; puis quatre groupes de saints au
séminaire de Freising : saint Oswald et saint Martin, saint Nicolas
et saint Virgile, saint Florian et saint Georges, et deux autres
évêques, se détachant non plus sur un fond d’or, mais dans un
paysage de montagnes et de glaciers magiquement éclairés se perdant
dans le bleu profond et lumineux du ciel; enfin, selon M. Semper3,
deux beaux panneaux au château de Tratzberg, près Innsbruck:
saint Pierre et saint Paul, et deux autres encore supérieurs : saint
Jacques et saint Etienne dans la collection de M. le Dr Sepp, à Munich,
adjoints souvent, mais à tort, aux Pères d’Augsbourg et de la Pina-
cothèque, et que M. Janitschek4, avec plus de raison, regarde seule-
ment comme d’un peintre très parent de Michel Pacher, qui subit
aussi l’influence de Padoue et de Vicence, un grand artiste aussi
qu’il serait bien intéressant de connaître mieux.
Et puis, d’autres voies s’ouvrant, les traditions se modifièrent,
le goût changea, et ce fut la cause de vandalismes comme nous en
avons déplorés, qui ont fait disparaître combien encore d’autres
œuvres de Pacher ?... La poussière des siècles et de l’oubli s’amassa
peu peu à peu sur le souvenir du grand artiste et sur ses créations,
sur ses gracieuses Madones et tant de belles et vivantes figures
rehaussées d’un si riche coloris. Il est nécessaire enfin de les en
dégager, d’apprendre à les connaître et à les admirer; il est temps
pour la postérité de ratifier le jugement des contemporains, d’exalter
le nom et l’œuvre de Michel Pacher à l’égal des plus grands.
Et si la personne même du noble vieux maître reste, il est vrai,
un peu voilée, eh bien ! ne le regrettons pas trop: cette pénombre
donne à l’auréole de son génie et répand sur ses œuvres une séduc-
tion de plus : le charme attirant du mystère.
AUGUSTE MARGUILLIER.
1. Nos 43 et 44 du catalogue.
2. N° 45 du catalogue.
3. Die Brixner Malerschulen, etc.
4. Geschichte der deutschen Kunst : III. Malerei.