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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 12.1894

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: La propagande de la Renaissance en Orient pendant le XVe siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24665#0380

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366

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’être populaire chez les Magyares : aujourd’hui encore le peuple
répète ce dicton, dont je dois la connaissance à l’obligeante érudition
de M. le D1' Malonyay : « Le roi Mathias est mort, la vérité a disparu. »

ni

Quelque artificielle que soit la littérature néo-classique et malgré
notre juste dédain pour tous ces fabricants de vers latins, nous devons
enregistrer, comme un symptôme des plus caractéristiques, l’appel
adressé par le roi Mathias à d’innombrables illustrations de la poésie
ou de l’érudition italiennes. Disons à sa louange que, si ces efforts
avaient des chances d’aboutir quelque part, c’était bien dans une con-
trée où la langue latine était si répandue qu’elle servit, jusqu’en 1842,
d’organe officiel pour les procès-verbaux des débats parlementaires.

Parmi les savants ainsi conquis par le souverain de la Hongrie,
citons pêle-mêle l’annaliste florentin Bartholomeus Fontius, qui
semble avoir résidé à la cour de Pesth de 1488 à 1493 1, Francesco
Bandini, Filippo Yalori, qui rédigea en 1485 son traité De egregie,
sapienter, jocose dictis et factis S. RegisMathiae, les poètes Aurelio Bran-
dolini, Callimaque, Hieronymus de Termo, puis Taddeo Ugoleto de
Parme, bibliothécaire du roi et précepteur du prince héritier, Simon
Budai, qui versifiait en sept langues. Antonio Bonfîni d’Ascoli
(fixé en Hongrie en 1485, mort en 1502) mérite mieux qu’une simple
mention; nommé lecteur de la reine, il traduisit en latin, à l’inten-
tion du roi, le Traité d'architecture de Filarete et rédigea ses Rerurn
hmgaricarum décades libris XLV compfehensas, qui furent publiées à
Bâle en 1543 et souvent réimprimées. Pour secrétaire, Corvin
employait le rhéteur et médecin Galeotto Marzio de Narni, l’élève de
Guarino et le condisciple de Janus Pannonius. Ce personnage chercha
dans la suite fortune en France; il mourut à Lyon en 1478 2. Corvin
échoua par contre dans ses tentatives pour attirer auprès de lui
Marsile Ficin, le célèbre champion du néoplatonisme, ainsi que l’hel-
léniste Argyropoulos. Il entretenait une correspondance régulière
avec Politien, l’élégant poète ami des Médicis, et avec l’archéologue

1. Galletti, Philippi Villani Liber de civitatis Florentiœ famosis civibus..., p. 151,
Florence, 1847.

2. Tiraboschi, Storia delta Letteratura italiana, t. V, p. 566 et suiv. — Abel,
Analecta, p. 291.
 
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