LA SCULPTURE FLORENTINE AU XVe SIÈCLE.
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« Malgré les emprunts faits à l’antique, Ghiberti est bien plus le
représentant du moyen âge que le champion des idées nouvelles.
Chez lui, l’imitation de l’antique se borne en quelque sorte aux acces-
soires, à des détails de costume, d’ornement; l’idée comme le style
reste foncièrement chrétienne. » (Müntz, les Précurseurs, 82.)
Luca délia Robbia. « Il s’est trouvé en pleine Florence un sculpteur
de talent, bien plus, une famille, que dis-je, une dynastie de sculpteurs
assez habiles, assez sûrs d’eux-mêmes pour dédaigner les secours de
l’antiquité... Leur volonté, ils l’ont affirmée sans cesse, d’un bout à
l’autre d’une longue carrière, en proscrivant jusqu’au moindre orne-
ment antique, en s’interdisant tout emprunt dans les types, les [dra-
peries, les attitudes. » (Müntz, Hist. de l'art, I, 261.)
« Luca délia Robbia, ce maître véritablement grand, poursuit,
mais avec plus de timidité, la voie ouverte par Ghiberti. 11 prend pour
modèles les représentants du mysticisme dont il renouvelle la tradi-
tion par l’étude incessante de la nature. » (Müntz, les Précurseurs, 95.)
Donatello. « Dans aucune des œuvres de Donatello on ne rencontre
l’influence de l’étude des œuvres antiques, soit dans la forme, soit
dans la technique. » (Yon Tschudi. Donatello e la critica moderna, p. 9.)
Cette opinion sur Donatello n’est pas particulière à la critique
allemande. M. Gnoli, l’éminent directeur de 1 ’Archivio storico dell’arte
a conclu de même : « De l’influence de l’antique sur cet esprit original,
qui, dans son énergique naturalisme, se révoltait contre toute con-
vention, il est difficile de trouver quelque trace dans les œuvres qui
succédèrent à son premier voyage à Rome avec Brunelleschi, et plus
tard elle n’apparaît que dans un très petit nombre de ses ouvrages. »
(Le opéré di Donatello in Roma1 * * * *. )
Et enfin d’une façon générale, pour juger le xv6 siècle, le Cicerone
s’exprime ainsi : « Si les formes antiques furent une sorte de point
de départ pour la décoration, la sculpture proprement dite n’a pas
subi alors l’influence des anciens ; et c’est précisément l’inspiration
toute moderne de cet art qui rend les œuvres du xv° siècle plus pro-
fondément et plus spontanément touchantes que ne l’est l’art savant,
réfléchi, généralisateur de la haute renaissance. » (Cicerone, II, 340.)
1. Je me suis efforcé moi-même de soutenir la même thèse dans une étude sur
Donatello publiée en 1889.
Sur ce point particulier de l’influence exercée par l’art antique sur Donatello,
je dois dire que M. Müntz est d’un avis contraire au nôtre. Il signale Donatello
« comme étant le seul artiste du xv" siècle, avec Mantegna, qui ait su copier
avec une égale supériorité la nature et l’antique. » (Précurseurs, p. 98.)
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« Malgré les emprunts faits à l’antique, Ghiberti est bien plus le
représentant du moyen âge que le champion des idées nouvelles.
Chez lui, l’imitation de l’antique se borne en quelque sorte aux acces-
soires, à des détails de costume, d’ornement; l’idée comme le style
reste foncièrement chrétienne. » (Müntz, les Précurseurs, 82.)
Luca délia Robbia. « Il s’est trouvé en pleine Florence un sculpteur
de talent, bien plus, une famille, que dis-je, une dynastie de sculpteurs
assez habiles, assez sûrs d’eux-mêmes pour dédaigner les secours de
l’antiquité... Leur volonté, ils l’ont affirmée sans cesse, d’un bout à
l’autre d’une longue carrière, en proscrivant jusqu’au moindre orne-
ment antique, en s’interdisant tout emprunt dans les types, les [dra-
peries, les attitudes. » (Müntz, Hist. de l'art, I, 261.)
« Luca délia Robbia, ce maître véritablement grand, poursuit,
mais avec plus de timidité, la voie ouverte par Ghiberti. 11 prend pour
modèles les représentants du mysticisme dont il renouvelle la tradi-
tion par l’étude incessante de la nature. » (Müntz, les Précurseurs, 95.)
Donatello. « Dans aucune des œuvres de Donatello on ne rencontre
l’influence de l’étude des œuvres antiques, soit dans la forme, soit
dans la technique. » (Yon Tschudi. Donatello e la critica moderna, p. 9.)
Cette opinion sur Donatello n’est pas particulière à la critique
allemande. M. Gnoli, l’éminent directeur de 1 ’Archivio storico dell’arte
a conclu de même : « De l’influence de l’antique sur cet esprit original,
qui, dans son énergique naturalisme, se révoltait contre toute con-
vention, il est difficile de trouver quelque trace dans les œuvres qui
succédèrent à son premier voyage à Rome avec Brunelleschi, et plus
tard elle n’apparaît que dans un très petit nombre de ses ouvrages. »
(Le opéré di Donatello in Roma1 * * * *. )
Et enfin d’une façon générale, pour juger le xv6 siècle, le Cicerone
s’exprime ainsi : « Si les formes antiques furent une sorte de point
de départ pour la décoration, la sculpture proprement dite n’a pas
subi alors l’influence des anciens ; et c’est précisément l’inspiration
toute moderne de cet art qui rend les œuvres du xv° siècle plus pro-
fondément et plus spontanément touchantes que ne l’est l’art savant,
réfléchi, généralisateur de la haute renaissance. » (Cicerone, II, 340.)
1. Je me suis efforcé moi-même de soutenir la même thèse dans une étude sur
Donatello publiée en 1889.
Sur ce point particulier de l’influence exercée par l’art antique sur Donatello,
je dois dire que M. Müntz est d’un avis contraire au nôtre. Il signale Donatello
« comme étant le seul artiste du xv" siècle, avec Mantegna, qui ait su copier
avec une égale supériorité la nature et l’antique. » (Précurseurs, p. 98.)