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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 12.1894

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Nr. 5
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Reymond, Marcel: La sculpture florentine au XVe siècle, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24665#0419

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404

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tenait en grand honneur tout ce qui contribuait au développement
physique et elle a créé un art sain et robuste, fait à son image.

On se tromperait donc gravement si, pour juger le mouvement
de l’art, du xme au xvie siècle, on prenait comme critérium unique
le développement de l’idée religieuse. Le sentiment religieux a pu
diminuer dans l’art sans que pour cela l’art ait cessé de croître et de
grandir. En effet, de même que la religion n’est pas toute la philoso-
phie et qu’elle ne renferme pas en elle la solution de tous les pro-
blèmes sociaux, de même elle ne saurait être l’art tout entier. Repro-
duire le corps humain, par exemple, sans autre préoccupation que
celle d’exprimer la forme et les rapports des membres, ce n’est pas
faire un acte d’art religieux, et l’on pommait soutenir plutôt que cette
représentation de la nudité n’est pas encouragée par la doctrine
chrétienne, qui la considère comme une violation du sentiment de la
pudeur. Si du monde physique nous passons au monde moral, nous
voyons de même que nombre de sentiments, quoique d’ordre très
élevé, tels par exemple que l’amour ou la valeur militaire, ne peuvent
que malaisément recevoir l’étiquette religieuse.

Il faut donc, pour obtenir une division logique de l’art, recourir à
une esthétique plus générale et dire que le grand art est celui qui a
pour but d’exprimer tout ce qui dans la nature est d’ordre supérieur,
tout ce qui correspond aux lois les plus essentielles de la création,
c’est-à-dire tout ce qui témoigne de la vitalité de l’être, de sa supé-
riorité physique et morale.

Placés à ce point de vue nous comprendrons toute la grandeur du
xve siècle. C’est la profondeur de pensée avec laquelle il a étudié
l’homme dans toutes les grandes phases de son activité qui fait son
immortelle beauté. A côté d’un Donatello, qui exprimera avec sa
mâle énergie tous les drames de la vie humaine, à côté d’un Luca
délia Robbia qui en dira toutes les tendresses, nous verrons un
Jacopo délia Quercia dire toute la puissance physique de l’homme et
un Ghiberti toute la grâce des formes féminines.

MARCEL REYMOND.

{La suile prochainement.)
 
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