LES FRESQUES DE SIMON VOUET A W1DEVILLE. 503
la reproduction. Elles représentent les Quatre Saisons. Ces gravures
portent pour légende In œdibus de Bullion à Videville1. M. le marquis de
Galard tient pour assuré que l’aménagement du château se fit sous la
conduite de ce fameux artiste et que quatre cheminées de la Renais-
sance conservées de l’ancien manoir furent transportées dans le
nouveau sur les indications de Sarrazin.
Les noms de Sarrazin et de Vouet se tiennent de près dans l’his-
toire del’art. L’un comme l’autre a joué le rôle d’initiateur. Youet
remplaça l’école de Fontainebleau dans le même temps que Sarrazin
faisait prévaloir sa manière sur celle des Jean Goujon et des Ger-
main Pilon. Tous deux ont tenu dans les arts la place de Malherbe
en poésie, « de Corneille dans l’histoire du théâtre », dit Dargenville.
Plus d’une fois, ces deux maîtres travaillèrent ensemble, mêlant
les productions de leurs arts. Au maître-autel de Saint-Nicolas-des-
Champs, deux anges de Sarrazin se font encore pendant aux côtés
destoilesde Simon Youet, monument conservé de leur compagnon-
nage 2. On conçoit assez que Sarrazin travaillant à Wideville, des
ouvrages de peinture si considérables aient été commandés à Vouet,
son égal en réputation.
On ne doit pas omettre que d’autres traces sont restées, comme il
parait, du passage de Youet dans ce pays. La paroisse de Davron,
dont Wideville dépend, conserve encore une toile des Saintes Femmes
au tombeau3 qui porte toutes les marques de sa manière, et ce
tableau, au dire des gens du lieu, décore depuis fort longtemps
l’église.
Ces considérations sont trop probantes pour qu’il soit besoin de
beaucoup de textes à l’appui de notre thèse. Dans le silence univer-
sel, je trouve justement un témoignage qu’il faut tenir pour décisif.
Il est de Lépicié, dans la préface qu’il fit en 1752 pour la Vie des pre-
miers peintres du Roi, collection d’éloges académiques. Il parle de
Vouet dans cette préface et termine par les paroles suivantes l’éloge
qu’il lui consacre. Ayant fait mention des peintures de l’hôtel de
Bullion, « on peut dire, ajoute-t-il. qu’il y a dans ces ouvrages de
grands défauts et de grandes beautés, comme dans ce qu’il fit pour le 1 2 3
1. Sauf Y Été dont la légende porte In œdibus Hesselin à Chantemelle. Est-ce
une erreur du graveur, ou faut-il croire que Wideville ne posséda que trois de ces
statues?
2. On voyait quelque chose de pareil dans la chapelle du château de Saint-
Germain.
3. Ce tableau fort intéressant est placé dans le transept à gauche.
la reproduction. Elles représentent les Quatre Saisons. Ces gravures
portent pour légende In œdibus de Bullion à Videville1. M. le marquis de
Galard tient pour assuré que l’aménagement du château se fit sous la
conduite de ce fameux artiste et que quatre cheminées de la Renais-
sance conservées de l’ancien manoir furent transportées dans le
nouveau sur les indications de Sarrazin.
Les noms de Sarrazin et de Vouet se tiennent de près dans l’his-
toire del’art. L’un comme l’autre a joué le rôle d’initiateur. Youet
remplaça l’école de Fontainebleau dans le même temps que Sarrazin
faisait prévaloir sa manière sur celle des Jean Goujon et des Ger-
main Pilon. Tous deux ont tenu dans les arts la place de Malherbe
en poésie, « de Corneille dans l’histoire du théâtre », dit Dargenville.
Plus d’une fois, ces deux maîtres travaillèrent ensemble, mêlant
les productions de leurs arts. Au maître-autel de Saint-Nicolas-des-
Champs, deux anges de Sarrazin se font encore pendant aux côtés
destoilesde Simon Youet, monument conservé de leur compagnon-
nage 2. On conçoit assez que Sarrazin travaillant à Wideville, des
ouvrages de peinture si considérables aient été commandés à Vouet,
son égal en réputation.
On ne doit pas omettre que d’autres traces sont restées, comme il
parait, du passage de Youet dans ce pays. La paroisse de Davron,
dont Wideville dépend, conserve encore une toile des Saintes Femmes
au tombeau3 qui porte toutes les marques de sa manière, et ce
tableau, au dire des gens du lieu, décore depuis fort longtemps
l’église.
Ces considérations sont trop probantes pour qu’il soit besoin de
beaucoup de textes à l’appui de notre thèse. Dans le silence univer-
sel, je trouve justement un témoignage qu’il faut tenir pour décisif.
Il est de Lépicié, dans la préface qu’il fit en 1752 pour la Vie des pre-
miers peintres du Roi, collection d’éloges académiques. Il parle de
Vouet dans cette préface et termine par les paroles suivantes l’éloge
qu’il lui consacre. Ayant fait mention des peintures de l’hôtel de
Bullion, « on peut dire, ajoute-t-il. qu’il y a dans ces ouvrages de
grands défauts et de grandes beautés, comme dans ce qu’il fit pour le 1 2 3
1. Sauf Y Été dont la légende porte In œdibus Hesselin à Chantemelle. Est-ce
une erreur du graveur, ou faut-il croire que Wideville ne posséda que trois de ces
statues?
2. On voyait quelque chose de pareil dans la chapelle du château de Saint-
Germain.
3. Ce tableau fort intéressant est placé dans le transept à gauche.