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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 12.1894

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Nr. 6
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Renan, Ary: Léon Palustre (1838 - 1894)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24665#0529

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LEON PALUSTRE.

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fait une règle de le proclamer, il n’a non plus aucun scrupule à recti-
fier les dates, parfois même contre l’opinion qui court.

Dominant toutes les monographies scrupuleuses où il étudia le
détail de nos antiquités VHistoire de l’Architecture de la Renaissance en
France est le monument qu'il a élevé, au portail duquel son nom est
attaché, comme le nom d’un architecte, sur une banderole flottante.
On sait quel bel ouvrage ce fut.

Le temps était propice au début.

11 n’y avait ni plus, ni moins que la genèse d’une glorieuse part de
l’art français à raconter, et, pour la bonne cause, la maison de haute
librairie que dirigeait M. Quantin voulait avoir le premier rang. 11
ne s’agit pas de temps bien reculés, il s’agit même d’années assez
proches de nous. Mais qu'on nous permette de refléter la mélancolie
que Palustre éprouva le jour où il dut se dire que son œuvre resterait
inachevée. Les conditions changèrent. Le plan de la publication
luxueuse qu’il avait projetée devint trop vaste; l’acheteur allait
ailleurs. Et puis, la vulgarisation entrait partout et les procédés de
reproduction se transformaient. Les reproductions qu’il voulait,
c’étaient celles que dirigeait M. Sadoux, l’eau-forte robuste et colorée,
si coûteuse quand elle mord sur la page. Un jour vint où la publica-
tion fut arrêtée, et quelques provinces manqueront au répertoire qui,
dans la tête de l’auteur, était complet et sans défaut. Il semble que
nous ayons moins le souci de la perfection qu’on ne l'avait il y a vingt
ans, ou du moins que nous préférions les procédés qui, par la méca-
nique et la chimie, atteignent l’idéal d’un bon marché démocratique.
Aussi peut-on, sans faire le Timon d’Athènes, constater qu’aujour-
d’hui les livres se font plus vite et à meilleur compte. D’ailleurs, le
souci du document obsédait l’explorateur; il connaît le dossier de
chaque monument, il discute une erreur de mois, il proteste contre
une erreur d’une année; il dresse un état civil, il donne à chaque
édifice un certificat d’identité, un âge, un nom, une gloire souvent.
La lecture est sérieuse, le livre un livre de sources. Il parlait l’autre
jour, ici même 1 de « l’ordre chronologique, seul capable de faire
connaître les diverses phases de développement par lesquelles tout
talent, quel qu’il soit, ne manque pas de passer. >> S’il avait raison
devant la postérité, peut-être avait il tort devant le public superficiel.

Non qu’il ne sût se résumer. Dans la Bibliothèque de l’enseignement
des Beaux-Arts n’a-t-il pas condensé le suc de ses recherches person-

1. V. Gazette des Beaux-Arts, 3» période, l. XII, p. 281.
 
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