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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0093
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Pour donner au grand public la présente histoire, qui comprendra trois volumes
(les deux prochains traiteront, l’un de la Mêlée des peuples, l’autre des Empires),
M. Maspéro n'a eu qu’à enrichir le plan premier sans en modifier les grandes lignes.
11 fallait, par exemple, fondre dans l’ensemble les résultats apportés par les fouilles
pratiquées récemment le long du Nil et le long du Tigre; les découvertes faites en
Chaldée ont ouvert de nouveaux horizons à la spéculation scientifique et ne pou-
vaient être pressenties il y a un quart de siècle. C’est avec le soin le plus scrupuleux
et la sobriété la plus rare que l’auteur a complété, et pour ainsi dire fleuri, les
feuillets de ses austères études de jadis; chacun des chapitres est un tableau
parfait de la vie, des croyances, de l’état social des races disparues. Dans son éloi-
gnement du moindre charlatanisme, M. Maspéro s’est pourtant gardé d'enjoliver la
vérité, et le livre est resté un livre savant sans pédantisme en même temps qu'il
devenait élégant et de lecture facile; c’est le roman de l’histoire vraie, illustré par
les plus beaux motifs de l’art du passé.

On ne saurait trop louer la maison Hachette d’avoir libéralement illustré d’aussi
patientes reconstitutions. C’est sans restriction, cette fois, qu’on peut approuver le
procédé de reproduction adopté pour les plus vénérables antiquités de l'Asie. Le
crayon impeccable de M. E. Bouclier est un traducteur d’une fidélité toujours intel-
ligente; il donne la vie aux pierres les plus ternes, les plus muettes. Quelques
paysages lumineux, quelques cartes transportent l'esprit sur les lieux où se dérou-
lent les grandes histoires contées par la plume experte de M. Maspéro.

NAPOLÉON RACONTÉ PAR L’iMAGE, D’APRÈS LES SCULPTEURS, LES
GRAVEURS ET LES PEINTRES, PAR ARMAND DAYOT.

— Nous n’avons aucun portrait d’Alexandre ; nous avons mille images de
Napoléon ; avons-nous un portrait de Napoléon ?

La chose est assez indifférente à M. Dayot et son indifférence s’explique aisément :
ce ne sont pas les traits du premier consul ou de l'empereur qu'il cherche à
recueillir critiquement ; ce n’est point un recueil d’iconographie documentée qu’il
rassemble ; — c’est l’Iliade, c’est l’Odyssée napoléoniennes qu'il entend illustrer à
l'aide d'exemples empruntés à tous les arts, à des figurations de toutes les dates,
aux imageries réunies du monde entier. Son beau volume est ainsi destiné,
pour ainsi dire, à avoir des suppléments périodiques : la plastique de demain
et d’après-demain complétera au fur et à mesure son Napoléon raconté par
l’image.

Tel que voici le volume, on dirait d’une revue grandiose et fantastique ; l'esprit
s’égare en pensant que l’auteur ne nous offre ici qu’un choix sévère et judicieux; et,
comme il arrive pour l'épopée homérique, ces vingt ans d’histoire semblent un
rêve de mille années. Le défilé, la chevauchée, la déroute, commentées par
l'estampe; le héros glorifié par tous les artistes de l’Europe; la souveraine beauté,
la vanité finale de son oeuvre réduites en formules enthousiastes ou frondeuses par
la représentation figurée offerte à la haine des uns, à l'admiration des autres... c’es
vraiment un thème de réflexions philosophiques inépuisable que M. Dayot propose
au sage. J’appellerais volontiers son livre le Musée du souverain. Les curiosités, les
 
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