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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 4
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Mabilleau, Léopold: La peinture française au musée de Madrid, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0328
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LA PEINTURE FRANÇAISE AU MUSÉE DE MADRID. 311

la vie. La troupe de chasseurs descend avec un entrain et une joie de
vivre qui font penser à Rubens. Méléagre et Atalante retiennent à
peine les chevaux blancs écumants, qui se cabrent entre leurs jambes
nerveuses. Les jeunes princes qui les accompagnent ont le visage
animé d’hommes qui vont satisfaire le goût du plaisir et le goût de
l’action, innés à la race. Tout est héroïque, épique dans cette scène,
sans trace de convention ni de poncif. L’imitation même du bas-
relief antique, qui est dans l’esprit du sujet, n’enlève rien à la réalité,
présente et pour ainsi dire immédiate, de la représentation.

Des deux Bacchanales que le Musée de Madrid se vantait naguère
de posséder, il en reste une qui ne prête à aucune des critiques
soulevées par sa voisine 1 : c’est celle où Bacchus reçoit dans son
char Ariadne et Cupidon, pendant que la théorie des bacchantes et
des satyres se déploie autour d'eux, dansant et jouant de la flûte.
L’œuvre n’a certes pas la valeur des compositions du même genre
qui se trouvent à la National Gallery de Londres; mais elle est d’une
vivacité charmante que solennise malheureusement un peu trop la
couleur assombrie de la peinture. Souvent l’aspect sévère des
tableaux de Poussin tient à leur tonalité : écartez le nuage qui les
recouvre, et cherchez l'expression dans le dessin; vous verrez
aussitôt l’action s’animer ou sourire.

ALent ensuite une série de petits sujets qui, je dois le confesser,
ne me touchent que médiocrement: un Triomphe de David, où le jeune
héros apparait un peu trop herculéen à mon gré (on lui voudrait
plus de mérite à vaincre Goliath), mais où laArictoire qui le couronne
montre un beau corps souple et ferme, bien dans le goût de l’Ecole
romaine de ce temps ; un Jésus apparaissant à la Madeleine, composition
classique dans laquelle les draperies de la sainte accaparent abusi-
vement l’attention ; un Sacrifice de Noé dont quelques parties sont
fort belles, par exemple le groupe des enfants du patriarche, réfugiés
derrière lui et émus d’une pieuse frayeur en présence du Dieu vivant
qui apparaît dans la nue; une Sainte Cécile chantant les louanges du
Seigneur, où le peintre n’a pas su éviter la banalité qui était à
craindre dans un sujet tant de fois traité; un Combat de gladiateurs
qui n’est qu’une réunion d’académies consciencieusement étudiées et
correctement rendues ; enfin deux scènes d’orgie à la manière antique,
qui ne méritent point le dédain où MM. Viardot et Clément de Ris les

1. Celle-ci est attribuée par Clément de Ris à Dulin. (Musée de Madrid,
p. 132.)
 
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