Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Bord, Gustave: Exposition historique et militaire de la Rèvolution et de l'Empire
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0084
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
74

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Si David depuis longtemps est hors de pair dans l’estime des amateurs,
si Prud’hon n’est contesté par personne, il s’en faut que Guérin, que
Gérard, que Girodet obtiennent dans les v'entes tout le succès que
devraient leur valoir la belle ordonnance de leurs portraits et la
loyauté de leurs talents. Je ne crois pas non plus que l’on rende
pleine justice aux délicates miniatures d’Isabey. La plupart de ces
artistes sont représentés à la galerie des Champs-Elysées et y font
bonne figure. De Guérin, nous pouvons voir un beau portrait en
miniature de Kléber; de Gérard, celui de la reine Caroline Murat,
entourée de ses enfants ; de David, le célèbre tableau de la collection
Pourtalès (au marquis de Ganay), représentant le pape Pie VII avec,
debout près de lui, le cardinal Caprara. Moins connu est le magnifique
portrait de Français de Nantes, appartenant à Mme Édouard André,
où David a su heureusement oublier son style quelquefois un peu
guindé de peintre officiel et qu’il a exécuté de verve, en pleine pâte,
avec une souplesse de brosse qui est un régal pour les yeux; c’est, à
notre avis, une des meilleures pages du maître.

Quelques tableaux militaires et anecdotiques complètent à souhait
cette curieuse restitution de la période napoléonienne. Horace
Vernet y montre son ingénieux talent que méconnaît trop volontiers
la génération présente. Signalons enfin un délicieux Boilly prêté
par M. G. Duplessis et qui nous montre, dans une des salles du
musée Napoléon, la foule se pressant devant le tableau du Sacre, de
David. Boilly est un peintre de second ordre, c’est entendu; sa
touche est sèche et l’éclat quasi métallique de ses peintures l’exclut
du nombre des coloristes, je l’accorde volontiers. Mais avec combien
d’art il sait grouper ses personnages et avec quel soin minutieux,
avec quelle acuité d’observation il sait les dessiner et les peindre !
Les personnages que nous présente l’artiste sont, de plus, autant
de portraits, car il a fait figurer dans son tableau plusieurs de ses
amis et lui-même. On y remarque notamment Gérard, Houdon, Gros
et Mme Vigée-Lebrun. Ce tableau qui ne fut, croyons-nous, exposé à
aucun Salon, n’a pas été gravé. Il fit partie de la collection Le Brun
et de là passa entre les mains d’Arnault, le poète, dont la galerie fut
dispersée après sa mort, en 1835.

G. BORD.
 
Annotationen