CORRESPONDANCE D’ÉGYPTE
LE NOUVEAU TRÉSOR DE DAHCHOUR.
Caire, le 20 avril 1893.
Le nouveau trésor découvert en février dernier à Dahchour par M. de Morgan-
directeur du service des antiquités égyptiennes, complète heureusement la trou,
vaille faite l’an passé par lui, et, une fois de plus, rend un éclatant hommage à sa
méthode de recherches. Si l’on trouve aujourd'hui et les appartements funèbres
des pyramides de la xa' dynastie, et les parures des princesses enterrées aux envi-
rons des monuments de leur père, ce n’est plus, comme jadis, au hasard qu’on en
est redevable, mais à l’entente de travaux savamment ordonnés et conduits avec
une science, une persévérance et une habileté qu’on ne saurait trop admirer.
Nombre de chercheurs s’étaient jusqu’ici attaqués aux ruines de Dahchour, sans
parvenir à leur arracher leur secret, et gravement avaient conclu qu’elles consti-
tuaient autant d’énigmes. Certains, partant de cette théorie : « la chambre du sar-
cophage doit occuper le centre de la pyramide et se trouver vers le tiers de la
hauteur », avaient vainement cherché la porte sur toutes les faces du monument,
et, de guerre lasse, s’étaient arrêtés à ce parti radical : démolir la pyramide, ou
tout au moins l’éventrer. Par malheur, la théorie était fausse. Si effectivement les
tombes de Ghizeh présentent la disposition d’une chambre centrale située vers le
tiers de la hauteur, il n’en est pas de même à Dahchour. Là, l’appartement du
mort est creusé tout entier dans le roc, à une profondeur assez sensible, si bien
que les pyramides démantelées, lamentables, percées sur leurs flancs de déchirures
profondes, pareilles à des cratères, ne conservent de leur forme ancienne qu’une
vague apparence, pour rappeler plutôt celle de volcans éteints.
J’ai dit l’an passé, à cette place, de quel principe est parti M. de Morgan pour
entreprendre de nouvelles fouilles. Géologue émérite, il lui a suffi de reconnaître à
la surface du sol des débris provenant de couches profondes, argiles ou grès sili-
ceux, pour en conclure que des perforations avaient eu lieu dans cette région.
C’était un indice dont il fallait suivre la piste, et, les sondages préalables pratiqués,
il ne restait plus qu’à ouvrir de véritables galeries de mines, boisées de même que
celles d’un charbonnage. Les couloirs ainsi aménagés glissaient sous le monument
LE NOUVEAU TRÉSOR DE DAHCHOUR.
Caire, le 20 avril 1893.
Le nouveau trésor découvert en février dernier à Dahchour par M. de Morgan-
directeur du service des antiquités égyptiennes, complète heureusement la trou,
vaille faite l’an passé par lui, et, une fois de plus, rend un éclatant hommage à sa
méthode de recherches. Si l’on trouve aujourd'hui et les appartements funèbres
des pyramides de la xa' dynastie, et les parures des princesses enterrées aux envi-
rons des monuments de leur père, ce n’est plus, comme jadis, au hasard qu’on en
est redevable, mais à l’entente de travaux savamment ordonnés et conduits avec
une science, une persévérance et une habileté qu’on ne saurait trop admirer.
Nombre de chercheurs s’étaient jusqu’ici attaqués aux ruines de Dahchour, sans
parvenir à leur arracher leur secret, et gravement avaient conclu qu’elles consti-
tuaient autant d’énigmes. Certains, partant de cette théorie : « la chambre du sar-
cophage doit occuper le centre de la pyramide et se trouver vers le tiers de la
hauteur », avaient vainement cherché la porte sur toutes les faces du monument,
et, de guerre lasse, s’étaient arrêtés à ce parti radical : démolir la pyramide, ou
tout au moins l’éventrer. Par malheur, la théorie était fausse. Si effectivement les
tombes de Ghizeh présentent la disposition d’une chambre centrale située vers le
tiers de la hauteur, il n’en est pas de même à Dahchour. Là, l’appartement du
mort est creusé tout entier dans le roc, à une profondeur assez sensible, si bien
que les pyramides démantelées, lamentables, percées sur leurs flancs de déchirures
profondes, pareilles à des cratères, ne conservent de leur forme ancienne qu’une
vague apparence, pour rappeler plutôt celle de volcans éteints.
J’ai dit l’an passé, à cette place, de quel principe est parti M. de Morgan pour
entreprendre de nouvelles fouilles. Géologue émérite, il lui a suffi de reconnaître à
la surface du sol des débris provenant de couches profondes, argiles ou grès sili-
ceux, pour en conclure que des perforations avaient eu lieu dans cette région.
C’était un indice dont il fallait suivre la piste, et, les sondages préalables pratiqués,
il ne restait plus qu’à ouvrir de véritables galeries de mines, boisées de même que
celles d’un charbonnage. Les couloirs ainsi aménagés glissaient sous le monument