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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 5
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La madone de Castelfranco
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0457

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LA MADONE DE CASTELFRANCO

Giorgione est privilégié ; nous l’aimons d’une tendresse unique;
l’admiration que nous avons de son œuvre est comme une noble
caresse où le transport des sens renforce et prime le respect.

Ses grands compatriotes, ses voisins dans l’histoire, les Bellin,
Titien, Tintoret, Palma lui-même n’eurent pas à un si haut degré le
don d’enchantement, parlèrent moins au cœur qu’à l’esprit et, préoc-
cupés ailleurs, semblent avoir laissé à ce Zorzon de Castelfranco le
secret de la grâce humaine en sa profane simplicité. Aussi son art
est-il peut-être la fleur la plus rare du bouquet, et c’est en lui que
nous trouvons la meilleure preuve de l’autonomie spéciale à l’école
vénitienne. On ne saurait trop le répéter, en effet, l’émancipation des
peintres de la République, l’impuissance relative de la censure ecclé-
siastique à leur égard, et leur indépendance déjà large au gré du
temps les ont merveilleusement servis et leur ont permis d’êfre
uniquement sensibles à la fantaisie, à la beauté.

Chaque tableau de Giorgione est une surprise, d’autant plus forte
que le spectateur est meilleur connaisseur des écoles ombrienne et
florentine. Au pied des Alpes, les formules consacrées et rituelles
s’affaiblissent; l’aisance candide et le naturel des temps païens rem-
placent l’obéissance et la mystique ardeur. Cela est déjà visible dans
l’ordonnance du beau tableau que nous avons fait graver ici1. La

L M. Burney a rendu avec un rare bonheur la tonalité puissante, la profon-
deur et la limpidité de Giorgione et réussi â traduire par l’eau-forte l’émail de
l’original.

XIV. — 3« PÉRIODE.

SS
 
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