LES ORIGINES FRANÇAISES
DE
L’ARCHITECTURE GOTHIQUE EN ITALIE
Jusqu’ici, les plus anciens monuments
gothiques d’Italie, placés en dehors des
routes connues, étaient restés presque igno-
rés; aussi les historiens qui avaient tenté,
en étudiant des édifices plus récents et moins
purs, d’expliquer l’introduction de l’archi-
tecture nouvelle s’étaient-ils partagés entre
deux erreurs. Les uns, confondant le style
gothique avec le simple emploi de l’arc en
tiers point, lui donnent la Sicile pour pre-
mière patrie ; c’est de là qu’il se serait répandu d’abord en Italie, puis
dans tout l’Occident. Plus clairvoyants, les hommes du xvie siècle,
frappés par la vive opposition entre l’architecture italienne
à l’époque « romane » comme à la Renaissance et l’architecture
gothique, n’hésitaient pas à affirmer que celle-ci avait été importée
du nord dans la péninsule. Mais tous la croyaient venue d’Allemagne,
et le fameux Jacopo Tedesco, cité par Vasari comme l’architecte
de San Francesco d'Assise, n’est qu’un mythe inventé d’après cette
présomption. Cette seconde erreur fut répétée jusqu’à nos jours par
les écrivains les plus sérieux. C’est à peine si, de loin en loin,
Schnaase ou Ramée notent des ressemblances étroites entre tel détail 1
1. Origines françaises de l'architecture gothique en Italie, par G. Enlart, ancien
membre de l'École française de Rome, 1 vol. in-8°, avec 31 planches hors texte et
131 figures d’après les dessins et les photographies de l’auteur. Paris, Thorin, 1894.
(Bibliothèque des Ecoles françaises d’Athènes et de Rome, fascicule (IG.)
XIV. — 3e période. 63
DE
L’ARCHITECTURE GOTHIQUE EN ITALIE
Jusqu’ici, les plus anciens monuments
gothiques d’Italie, placés en dehors des
routes connues, étaient restés presque igno-
rés; aussi les historiens qui avaient tenté,
en étudiant des édifices plus récents et moins
purs, d’expliquer l’introduction de l’archi-
tecture nouvelle s’étaient-ils partagés entre
deux erreurs. Les uns, confondant le style
gothique avec le simple emploi de l’arc en
tiers point, lui donnent la Sicile pour pre-
mière patrie ; c’est de là qu’il se serait répandu d’abord en Italie, puis
dans tout l’Occident. Plus clairvoyants, les hommes du xvie siècle,
frappés par la vive opposition entre l’architecture italienne
à l’époque « romane » comme à la Renaissance et l’architecture
gothique, n’hésitaient pas à affirmer que celle-ci avait été importée
du nord dans la péninsule. Mais tous la croyaient venue d’Allemagne,
et le fameux Jacopo Tedesco, cité par Vasari comme l’architecte
de San Francesco d'Assise, n’est qu’un mythe inventé d’après cette
présomption. Cette seconde erreur fut répétée jusqu’à nos jours par
les écrivains les plus sérieux. C’est à peine si, de loin en loin,
Schnaase ou Ramée notent des ressemblances étroites entre tel détail 1
1. Origines françaises de l'architecture gothique en Italie, par G. Enlart, ancien
membre de l'École française de Rome, 1 vol. in-8°, avec 31 planches hors texte et
131 figures d’après les dessins et les photographies de l’auteur. Paris, Thorin, 1894.
(Bibliothèque des Ecoles françaises d’Athènes et de Rome, fascicule (IG.)
XIV. — 3e période. 63