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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 1
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Vitry, Paul: Deux familles de sculpteurs de la première moitié de XVIIe siècle, 2: les Boudin et les Bourdin
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0018
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

montée d’un fronton triangulaire d'une banalité affligeante, se trouve
une statue de Notre-Dame de Pitié sans date et signée : Michael
Bourdin Aurelius Fecit. Plus bas, de chaque côté de l’autel, deux
anges en bas-relief, qui portent les instruments de la Passion, sont
très probablement de la même main. L’œuvre avait déjà été si-
gnalée par Beauvais de Préau en 1778, et je ne crois pas qu’elle
ait jamais quitté sa place primitive.

Quelle est la date de ces statues? La cathédrale d’Orléans avait
été brûlée pendant les guerres de religion. U ne restait plus sous
Henri IV que bien peu de chose de l’ancien édifice. Or, de 1620 à
1622, on répare précisément le chœur et les bas côtés qui y répon-
dent : c’était la seule partie restée debout et celle où se trouve notre
chapelle1. Nous savons aussi qu’en 1622 le fils du comte de Saint-
Pol, gouverneur d'Orléans, Léonor, duc de Fronsac, fut tué au siège
de Montpellier. « Son cœur fut rapporté à sa mère, dit l’auteur de la
notice sur Sainte-Croix d’Orléans, et inhumé dans cette chapelle.
Pour honorer sa mémoire, la comtesse de Saint-Pol lit revêtir et
paver cette chapelle en marbre blanc et noir. Elle est sous l’invoca-
tion de la Mère des Sept Douleurs, dont la statue en marbre blanc
est du sculpteur Bourdin. » On voit ainsi l’occasion de cette entre-
prise, dont on confia le soin à Bourdin, qui venait de finir à Cléry le
tombeau de Louis XL dans le cours de l’année 16222. On voit comment
celte représentation de la Mère douloureuse n’était sans doute qu’un
symbole de la douleur humaine de la mère du jeune duc.

La statue de la Vierge nous paraît être une sorte de réplique
alourdie de la célèbre Vierge de Douleur de Pilon. L’attitude est
la même; elle est assise, les mains croisées sur la poitrine ; la tète
seulement, au lieu d’être baissée, regarde péniblement vers le ciel
ou vers une croix invisible. C’est presque aussi la même draperie
ample et compliquée, mais traitée différemment; somme toute, cela
ressemble assez au marbre de Saint-Paul-Saint-Louis, sinon à la terre
cuite du Louvre. Je ne trouve pas, avec M. Vaudin (qui ne l’a pas
vue et qui en parle d'après M. Marcille), que ce soit une œuvre si
médiocre. Elle ne manque pas d’une certaine ampleur. Si la tète
est commune et non idéalisée, c’est peut-être que l’artiste s’est sou-
venu de la mère vivante, dont la douleur inspirait son ciseau; c’est

1. Cf. H. de Monteyremar, Notice historique sur l'église Sainte-Croix d'Orléans,
p. 89. Orléans, Jacob, 1835.

2. Les caractères de la signature sont d’ailleurs tout semblables à ceux de

Cléry.
 
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