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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 2
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Molinier, Émile: Un don au Musée du Louvre: la collection du comte Isaac de Camondo
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0111
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UN DON AU MUSÉE DU LOUVRE

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représentent le travail courant des artistes embrigadés par l’organi-
sation des gildes, morceaux souvent charmants, mais qui, comme
dans toute œuvre ayant un caractère un peu industriel et banal, se ré-
pètent sans accuser la personnalité de l’artiste ; de l’autre, les œuvres
des maîtres, des artistes créateurs, des chefs d’écoles ou d’ateliers qui,
en faisant une figure de saint, ont su y mettre quelque chose de leur
âme et imprimer à leur travail le sceau de leur talent ou de leur
génie.

C’est encore d’une sculpture sur bois, qu’a reproduite la pointe
de M. Guérard, que je vais parler; mais celle-ci n’a point vu le jour en
Flandre. Ce Saint Georges qui s'apprête à percer le dragon de sa
lance est — suivant mon sentiment — une œuvre italienne. Œuvre
complexe, du reste, et dont il serait difficile de donner, sans fournir
do nombreux points de comparaison, une appréciation définitive. De
grandes dimensions, — ce groupe est demi-nature et sculpté en bois
de chêne, entièrement peint et doré, — une telle sculpture a pu
prendre naissance dans le nord de l’Italie, au xv° siècle, ainsi que
permet de le conjecturer l’accoutrement du personnage ; mais l’ar-
tiste qui l’a conçue et exécutée subissait inconsciemment, ou cons-
ciemment peut-être, une influence flamande et surtout une influence
allemande. Le cheval a l’allure qu'on retrouve dans nombre de groupes
allemands similaires, bien que certaines parties, la croupe notam-
ment, soient modelées avec plus de soin 1. L’armure, avec ses
tassettes en tuiles, retombant sur les cuisses, et dont tous les détails
sont minutieusement indiqués, sans sécheresse, aurait pu être aussi
bien sculptée en Allemagne qu’en Italie ; mais où la nationalité
italienne de l’artiste se trahit complètement, c’est dans le visage du
saint, charmante ligure encadrée de longs cheveux bouclés, que
recouvre à demi un bonnet, ou plutôt une calotte de métal; le type,
très mâle, mais très aimable, est incontestablement italien et je ne

1. L’allure du cheval n’est pas rendue sous tous ses aspects par la gravure ;
mais il fallait prendre un parti et le graveur ne pouvait représenter le monument
que de profil ; en réalité, c’est surtout en regardant ce monument par derrière,
qu’on se rend compte des différences que je signale ici avec les figures du même
genre sculptées en Allemagne ou en Flandre ; c’est aussi en considérant ce groupe
sous cet angle qu’on voit combien le cavalier est bien en selle, combien l’incli-
naison donnée au torse, le mouvement des jambes appuyant sur les étriers, sont
supérieurement observés.

xvn. — 3e PÉRIODE.

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